jeudi 4 février 2010

Avec Jeunet, la mise en valeur des gens "ordinaires"

L'un des charmes de Jeunet, c'est sa capacité à mettre en scène des acteurs non pas de ceux qui font rêver, fantasmer, mais que ceux que l'on pourrait rencontrer, qui ont ce qu'autrefois on appelait une certaine "gueu**e".

Il faut d'abord parler de l'acteur fétiche, apparu la 1ère fois dans "delicatessen" où il joue le rôle de cet ancien clown, devenu l'homme à tout faire du boucher. On le retrouve aussi dans "Le fabuleux destin d'Amélie Poulain". Mais c'est presque dans "Alien" que je le préfère parce que Jeunet réussit à en faire le seul héros 100% humain qui restera vivant à l'issue de toutes les épreuves. Et cela alors même qu'au point de départ il souffre d'une énorme handicap pour un film d'action, il circule ... en fauteuil roulant, le genre de victime prévisible. Et là non!

Et puis il y a celui par lequel tout arrive: le fameux Dominique Bretodeau à qui Amélie, en lui faisant retrouver une boîte à souvenirs d'enfant, permettra de re-intégrer sa vie d'homme et de père qu'il avait quitté petit à petit.

Et puis il y a la concierge, celle qui ne s'est jamais remise du départ de son mari parti avec une autre... du moins jusqu'à ce que Amélie lui fasse oublier son petit verre de porto, son chien naturalisé et surtout croire de nouveau en la vie et en elle-même par la grâce d'une dernière fausse/vraie lettre d'amour... en fait la compilation de beaucoup des lettres qu'il lui a écrites des années auparavant.








Mais il y a aussi la buraliste hypocondriaque qui n'a rien à envier des compositions de W. Allen dans ses grands jours. Il fallait oser accepter de s'enlaidir ainsi devant une caméra, avant de s'épanouir par la grâce du regard d'un autre... même si cela ne dure qu'un temps.

Le regard, ce sera l'une des questions centrales que posera "l'homme de verre", celui qui ré-orientera Amélie vers le bon Bretodeau, celui qui croit en Lucien, l'aide souffre-douleur de l'épicier du coin, celui qui comprend si bien Amélie... et celui qui, jour après jour, peint et repeint le même tableau, en espérant éclaircir le mystère d'une jeune femme qui y figure... mais ceci est une autre histoire...

Aucun commentaire: