Mais les défis me plaisent. Alors savoir qu'un réalisateur avait osé, en 2010, tourner un film, non seulement en noir et blanc mais à plus de 99% en muet, avec comme au début du XXème siècle, en fond sonore une musique type orchestrale et de loin en loin quelques cartons... ça n'avait pas manqué de piquer ma curiosité. Alors je suis allée le voir... et je ne l'ai pas regretté.
1er point positif: Jean Dujardin connu pour son jeu "expressif" est relativement sobre, sauf justement quand il est filmé aux moments où il est censé jouer comme un acteur du muet.
2ème point positif: les cartons sont rares et pourtant on comprend parfaitement ce qui se passe: un acteur du temps du muet qui plonge dans les oubliettes parce qu'il refuse d'attraper le train du parlant en marche alors qu'une jeune figurante se voit grimper en haut de l'affiche parce que elle, elle a osé!
3ème point positif: quelques trouvailles géniales
- le cauchemar de Jean Dujardin qui tout à coup entend, et nous aussi, tous les sons de manière amplifiée... sauf sa propre voix
- les petits-déjeuners entre Jean Dujardin et sa femme:partenaire à l'écran où, par le jeu des champs/contre-champ au cours desquels les acteurs changent de vêtements, d'accessoires, de mimiques... on comprend tout à la fois que le temps passe mais aussi que ce couple se délite
- au même moment, défilent les affiches des films où le nom de l'héroïne, initialement écrit en tout petit en bas de l'affiche parmi les nombreuses "girls", remonte petit à petit au sein de l'affiche jusqu'à être le nom de l'actrice principale
- la fin de l'unique film que tourne la star du muet en tant que réalisateur et acteur et qui le voit mourir, englouti dans des sables mouvants
- la bande son qui accompagne en permanence le film, au point d'en constituer presque un personnage à part entière
4ème point positif: les personnages secondaires comme Clifton, le majordome joué par James Crowlell* mais qui, s'il était encore en vie aurait pu être joué par Erich Von Stroheim, ou Uggy le chien, au moins aussi cabot que son maître**
En résumé, un film où j'allais sans grande conviction et qui m'a beaucoup plu
* oui cet acteur américain "so british" qui a joué aussi bien le fermier dans "Babe, le cochon qui voulut être chien" et le responsable de la police de Los Angelès qui sous des couverts policés est une brute qui n'hésite pas à enfreindre la loi.
** pour son rôle il a obtenu la "palme dog" qui est décerné chaque année depuis 2001
3 commentaires:
Il me tente beaucoup, ce film, pourtant je ne voue pas de culte à Dujardin,
Mais l'année dernière, j'ai emmené mes élèves voir Le Cirque de Charlie Chaplin et je me suis (re)dit qu'on avait pas besoin d'effets spéciaux pour faire un chef d'oeuvre. Je dirais même plus: les effets spéciaux sont souvent un moyen de cacher les faiblesses du scénario ou de la mise en scène (j'ai l'air d'être une vieille réac quand j'écris ça mais je le pense vraiment ;-))
Avec un film en noir & blanc et muet, on ne peut pas tricher!
J'ai vu les deux films : Le cirque avec mes élèves. Un vrai régal J'ai beaucoup aimé The artist, mais tant qu'"à faire du vieux" (aucune connotation péjorative dans ma bouche), j'aurais aimé que le metteur en scène vieillisse aussi l'image, qu'on ait vraiment l'impression de voir un de ces vieux films d'autrefois.
Ce qui le plus plu dans "the artist" Verveine? C'est justement cette manière de faire un vrai film -même si le happy end me semble un peu trop beau pour être vrai- sur cette période charnière du cinéma en nous incitant à y chercher les "codes" de l'époque
Pas faux Malaussen, ça aurait pu être intéressant d'avoir plus de "grain" sur l'image, ou une "pellicule plus rayée, ou une image plus sépia, un peu comme Woody Allen l'avait fait dans "Zelig" (si ma mémoire est bonne car je crois bien que ça fait une éternité qu'il n'est pas passé à la télévision)
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