jeudi 1 décembre 2011

Histoire de désirs, d'abandons et de mort

Il y a d'abord eu le livre: "les belles endormies" de Yasunari Kawabata, un auteur japonais qui a reçu en 1968 le prix Nobel de littérature. Et puis cette année il y a eu le film "Sleeping Beauty" de Julia Leigh qui a été présenté au festival de Cannes.
Le point commun entre les deux oeuvres? C'est ce qui fait la trame de l'histoire: de vieux messieurs qui passent une nuit auprès de jolies jeunes femmes endormies.
Ce qui fait leurs différences? Le personnage central de l'histoire: un homme d'une bonne soixantaine d'années pour le livre, une jeune étudiante pour le film. Jusqu'à présent, sur le net, je n'ai lu que des commentaires élogieux sur le livre. Le film lui a écopé d'une interdiction aux moins de 16 ans lors de sa diffusion en France au motif de son "atmosphère délétère, qui banalise la prostitution, et dont le sujet ainsi que plusieurs scènes (...) sont difficilement compréhensibles pour un public jeune".

J'ai eu un peu de mal à "entrer" dans le livre classé, à mon avis, à tort dans la catégorie des livres érotiques alors que l'objet est tout autre.
Si le héros va passer 3 nuits avec 4 beautés endormies, ça sera plus au départ pour lui l'occasion de dormir et de se prouver qu'il n'est pas un vieillard. Un rituel de désirs. En réalité, ses trois nuits seront surtout l'occasion de revisiter sa vie en repensant à certaines des femmes dont il a partagé la vie pendant un certain temps: mère, femme, fille, maîtresses... avant de s'abandonner lui aussi dans le sommeil, un sommeil profond, proche de la mort qui rôde durant tout le livre. Un rituel de mort.

Quant au film... J'ai eu du mal aussi à y entrer. Et plus encore à en sortir tant la fin m'a laissée pleine de doutes
Plus que la "banalisation de la prostitution" ce qui m'a le plus gênée c'est de voir comment cette jeune femme qui est si passive, fait si peu de cas de son corps à la blancheur laiteuse (comme déjà cadavérique). Objet de désirs, elle est en réalité absente, comme morte pour ceux qui la croisent et là voient si peu, si mal. Personne ne la respecte, que ce soit sa mère qui ne l'appelle que pour lui soutirer de l'argent (elle qui en a si peu), ses employeurs, ses logeurs... Non, une personne semble la respecter: Birdman, celui devant lequel elle ose se laisser aller et pleurer tandis qu'il se meurt.

Au final, le livre sera à relire et le film à revoir parce que pour l'un et l'autre il faut aller au delà des apparences.

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