J'ai eu beaucoup de mal à venir à bout des 520 pages de ce roman* de Richard Yates acheté après avoir vu le film "les noces rebelles" où le couple mythique de "Titanic" est reformé. Non pas parce qu'il serait mal écrit (même si sur le net plusieurs personnes se plaignent de la traduction qui manquerait de subtilité) mais à cause de sa structure même: on suit longuement les pensées de Jack, le héros... ou plus exactement le anti-héros du livre, un homme qui a peut-être rêvée d'une autre vie que le train-boulot-dodo auquel l'a conduit son mariage avec April.
Rappel de l'histoire: elle commence au printemps 1955 par une représentation théâtrale ratée où April qui tient le rôle principal comprend qu'elle ne sera jamais une grande actrice et s'achève à la fin de l'été, quand elle meurt des suites d'un avortement trop tardif.
En fait l'histoire pourrait aussi se résumer en reprenant quelques titres:
- celui de la pièce de théâtre que joue April: "la forêt pétrifiée" de Robert Emmet Sherwood dont l'intrigue vaut d'être mentionnée: " Gabby Maple, une jeune serveuse romantique qui rêve de se rendre en
France (...), et Alan Squier, un écrivain désabusé,
sont prisonniers d'un tueur (...), Duke Mantee, dans une station
d'essence isolée à la limite du désert de l'Arizona." En effet, April pourrait fort bien être cette serveuse, elle qui proposera à son mari de partir en Europe où elle travaillerait pendant que lui chercherait sa voie. Et Jack pourrait fort bien être cet écrivain désabusé, lui qui va chaque jour au travail sans aucun plaisir, en cherchant à en faire le moins possible tout en n'oubliant pas au passage de tromper sa femme avec une petite secrétaire un peu trop crédule.
- celui du titre orignal du livre "Revolutionary Road" qui renvoie très probablement à la route qui serpente et fait le tour de la colline où sont construits des cottages dans les bois... mais pourrait aussi se comprendre comme étant la route où le couple fera sa révolution. Il fera tout pour se glisser dans la vie de routine de ses parents qu'il a autrefois tant rejetée et elle essaiera de l'inciter à faire autre chose, à être différent de tous ces couples qui les entourent.
- celui du titre du film: "les noces rebelles" qui s'applique tant au comportement du couple qui cherchent à être différent des autres couples du quartier en lançant le projet de tout laisser pour partir travailler en Europe, qu'à leur difficulté à vraiment s'aimer au delà des apparences, sans chercher à "manipuler" l'autre
- celui du titre français du livre: "la fenêtre panoramique", c'est celle de la façade de la maison par laquelle on peut voir dehors mais aussi être vu. Alors on fait attention à l'apparence que l'on donne.
L'apparence que l'on donne, Jack y est très attentif. Ainsi dans le passage suivant (page 342)
"... S'il allumait une cigarette dans l'obscurité, il veillait à se composer une physionomie dure et virile avant de faire jaillir et d'abriter la flamme (plusieurs années auparavant, il avait étudié cette méthode devant la glace d'une salle de bains plongée dans l'obscurité, et il savait que son portrait révélait alors une grande intensité dramatique)..."* Dans les articles qui lui sont consacrés sur le net, on trouve régulièrement la référence au dernier livre qu'il a écrit et qu'après sa mort en 1992, un étudiant aurait retrouvé ...dans son congélateur. Il ne s'agit en aucun cas de "Revolutionary Road" qui est paru en 1961
2 commentaires:
Ni lu, ni vu, malgré le succès du film il y a quelques années. Ton billet me donne envie d'au moins voir le film.
Je viens Verveine de retrouver la "critique" que j'avais faite du film après l'avoir vu -et que je n'avais pas relue avant d'écrire le présent billet.
C'était le 18 février 2009 et je concluais par ceci: "à ne surtout pas voir en couple lorsque les membres qui le composent doutent de leurs choix de vie, ne partagent plus les mêmes aspirations, les mêmes rêves, la même conception pour y arriver."
Enregistrer un commentaire