Mais pour d'autres, tel ne sera pas le cas et certains n'auront pas de toute une vie pour essayer de comprendre et oublier cette enfance là.
Certains le feront via l'écriture, au jour le jour, tant que la vie le leur permet.
Parmi ces livres figure "le journal" de Anne Franck, découvert comme beaucoup d'autres personnes de ma génération, à l'adolescence.
Mais il est une chose que je ne comprends pas: mes parents posssédaient très peu de livres. En général d'ailleurs ne figuraient dans la petite bibliothèque familiale que les incontournables ouvrages alors étudiés en classe, tels que "Le rouge et le noir" de Stendahl, "L'assomoir" de Zola ou encore "La condition humaine" de Malraux...
Alors comment ce petit livre de poche dont je rappelle encore la couverture au bleu délavé,sur lequel ressortaient les lignes rouges comme l'étaient alors nos cahiers d'école avait pu arriver chez nous? Qu'importe après tout, ce livre, adolescente, je l'ai lu, et relu.
Plus tard, beaucoup plus tard, on m'a offert une biographie de ce que fût la vie de Anne Franck, avant, et après qu'elle ait quitté l'annexe, et dont il ressortira que le journal que j'avais lu adolescente avait été pas mal "retouché", certains passages étant purement et simplement supprimés.
Je l'ai cependant racheté, relooké...tout en ayant en tête cette question lancinante: est-il souhaitable, tout comme d'autres ouvrages découverts et aimés à cette époque, de les relire, au risque de perdre la magie dont ils s'auréolent encore dans mon souvenir.
La même question se pose au sujet de "Tanguy" de Michel del Castillo.
Si pour beaucoup, un "Tanguy" est désormais un jeune adulte qui s'incruste, tel le héros du film de Chatiliez, au domicile parental, pour moi Tanguy est cet enfant laissé par son père qui ne partageait plus les idées politiques de sa femme, aux "soins" de celle-ci, laquelle l'abandonnera, comme elle dans d'autres circonstances abandonné, ses autres enfants.
L'histoire de Tanguy, en fait celle de Michel del Castillo est bouleversante, comment ne pourrait-elle ne pas l'être lui qui, en 1942, alors qu'il navait que 9ans, s'est retrouvé en camp de concentration. De ce qu'il y vécu, et de ce qu'il vécu ensuite ne reste qu'une question:
Est-il possible de retourner à une vie normale, de retrouver intacts ses souvenirs, quand on a traversé les pires ignominies?
A travers plusieurs livres, Michel del Castillo a lui aussi essayé, via l'écriture d'assumer son passé mais aussi de tenter de comprendre sa mère...
... et je serais bien en peine, aujourd'hui que sa mère a disparu, de savoir si, au travers de ses livres, on peut considérer qu'il y est parvenu.
D'autres ne pourront jamais oublier ce qu'ils ont vécu, mettant même parfois des années avant d'oser parler de ce qu'ils ou elles ont vécu.
3 commentaires:
Le lecteur qui tourne la dernière page n'est déjà plus celui qui a ouvert le livre.Ne pas l'oublier pour continuer à vivre.
Oui il faut relire les livres qu'on a aimé de nombreuses années auparavant. Et j'essaye de comprendre si le ressenti est différent des précédentes lectures ...
Michel, Ganesh, (sourires) chacun à votre manière vous m'avez convaincue de tenter l'expérience.
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