dimanche 6 juillet 2008

Pause ...(4) {the} hours

Après avoir vu le film, honte à moi, non pas à sa sortie mais sur DVD, j'ai lu sur le net un certain nombre de commentaires sur la vie de Virginia Woolf et sur ce film. Il y a donc un certain nombre de choses dont je ne parlerai volontairement pas pour ne retenir que quatre « impressions »: autour du montage, de la musique du film et de deux des personnages.
La qualité du montage Au delà de l'espace et du temps, on saisit sans peine l'écoulement du temps qui passe, tout en relevant ce qu'il a de commun dans l'état d'esprit des personnages. Ces femmes qui sont saisies à des moments a priori anodins comme leur toilette, en réalité beaucoup de choses sont dites rien que dans la manière dont elles se regardent dans le miroir. Je pense notamment à Nicole Kidman et Meryl Streep. Pour cette dernière, il n'a pas du être facile d'accepter d'être filmée sans apparemment de maquillage, au point de paraître psychologiquement nue, avec toute cette lassitude, cette désespérance qui sourdent. Et puis il y a cette manière incomparable de, par le grâce d'un détail qui peut être un simple bouquet de fleurs, non seulement permet de passer d'une époque à une autre (sans qu'à aucun moment on ne perde le fil de l'histoire) mais d'expliciter la scène précédente, même si celle-ci s'est déroulée des années auparavant.
La musique J'avais acheté la musique du film avant même de l'avoir vu parce que je possédais déjà deux disques de Philip Glass: « Uatki – agua da amazona », suite de morceaux que l'on pourrait apparenter à de la musique répétitive et « concerto pour violon » qui, lui, est d'inspiration nettement plus classique.
Dans « {the] hours » quelques morceaux me plaisent tout particulièrement: « I'm going to make a cake » avec ces accords de piano plaqués puis repris pour être développés, encore et encore, crescendo . « Why does someone have to die? » où, là aussi, le thème, d'une immense tristesse, s'installe avant de finir par éclater sans qu'on puisse rien faire pour le retenir, un peu à l'image de Meryl Streep qui pressent que Richard va très mal, devine que quelque chose d'irrémédiable va se produire, pourra-t-elle l'empêcher... " Escape » dont la musique colle si bien au film que lorsque je la ré-écoute je revoie les scènes, notamment lors de la « fuite » de Laura Brown le long des rues de Los Angelès.
Les personnages Je suis désolée pour Mesdames Kidman et Streep mais ce sont les personnages de Laura Brown et de Richard qui m'ont le plus impressionnée.C'est rare au cinéma que l'on ose montrer chez une femme enceinte une pulsion de mort aussi vive alors que généralement que beaucoup s'accordent pour dire qu'à ce moment là les femmes sont toujours radieuses, rayonnantes. Je garde le souvenir de l'immense ambiguïté de son geste lorsqu'elle caresse son ventre arrondi, geste tendre mais aussi peut-être d'adieu. Et il y a la rencontre finale entre Meryl Streep et Julianne Moore. La performance de cette dernière est impressionnante car elle a du, avec plus de plus de 40 ans d'avance, accepter d'affronter l'image qui sera probablement plus tard la sienne.
Et puis il y a Richard... Le regard si beau et si bouleversant de Richard enfant, qui, bien plus que son père, a compris que sa mère allait mal. Richard qui refuse qu'elle parte parce qu'il a vraiment peur de ne plus jamais la revoir, qui donne le change à la voisine laquelle pense en le voyant jouer qu'il ne s'agissait que d'un caprice d'enfant et qu'il a déjà tout oublié. Son soulagement quand sa mère revient, sauf qu'il ne sait pas qu'elle a déjà décidé certes de ne plus mourir mais d'abandonner sa famille après la naissance de l'enfant qu'elle porte. Et Richard adulte, tellement changé, tellement marqué, aussi délabré physiquement que son logement. Pas facile de jouer un tel rôle, si peu glamour en comparaison avec les images de l'enfant qu'il a été. Et surtout sans sur-jouer. La scène où il essuie une larme qui glisse le long de sa joue décharnée, mal rasée... est très belle, malheureusement très belle.

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