lundi 5 octobre 2009

Histoires de Femmes

Il y a parfois des livres qui marquent. Tel est le cas des deux qui suivent et qui témoignent, chacun à leur manière, de vies difficiles, ailleurs mais aussi ici.

Le 1ère histoire a été publiée au printemps 2003, sous un pseudo: celui de Souad.
Il n'était en effet pas impossible que si les parents de cette femme d'origine cisjordanienne apprenaient qu'elle a survécu au crime d'honneur qu'ils avaient commandité, ils mandateraient de nouveau quelqu'un pour achever le travail commencé par leur gendre. Un crime d'honneur pour effacer le fait que Souad s'était retrouvée enceinte d'un jeune voisin lequel s'était empressé de déguerpir quand il l'avait su, alors même qu'il lui avait promis le mariage.
Mais Souad n'est pas morte grâce à une femme qui travaillait au sein d'une ONG, laquelle femme avait fait croire à ses parents qui avaient entretemps essayé de l'empoisonner au sein même de l'hôpital où elle avait été transportée qu'ils devaient autoriser sa sortie du territoire parce qu'ainsi elle mourrait loin.
C'est grâce à ce quasi mensonge, quasi car Souad était vraiment mal en point, qu'elle a enfin pu être soignée et témoigner.
Souad a échappé au sort des quelques 5 000 femmes qui meurent chaque année du fait d'un crime d'honneur, chiffre qu'il faut majorer d'environ 7 000 femmes qui, elles, sont mutilées à vie, toujours pour des raisons d'honneur.

Et puis il y a Brigitte dont le livre est paru en janvier 2007.
D'elle on a beaucoup retenu la description de sa vie, deux ans durant, de femme S.D.F.
Mais l'histoire de Brigitte va bien au delà de ses années de galère. C'est l'histoire d'une petite fille que sa mère n'a jamais aimée parce qu'elle a eu le malheur de naître "hors mariage" contrairement à sa soeur cadette. Une petite fille qui n'a connu un peu d'amour que de la "nounou" qui l'a gardée enfant jusqu'au moment où ses parents l'ont reprise.
Fin d'enfance difficile, adolescence encore plus, avec un père aimant mais qui ne sait pas protéger sa fille de la violence physique et verbale de celle qui est devenue sa femme. Age adulte de même. Mais comment aurait-il pu en être autrement puisque ce n'est qu'une triste application d'une petite phrase de Hervé Bazin: "Les enfants privés d’amour se détestent, ne s’aiment pas. Parce que quand on n’est pas aimé, on croit qu’on n’est pas aimable."
Alors Brigitte a beaucoup accepté: que son compagnon lui vide son compte en banque, qu'il la trompe, qu'il la batte, qu'elle doive fuir de son domicile en plein hiver avec seulement son pull sur le dos ... tellement elle avait envie d'être aimée.
L'histoire de Brigitte m'a elle aussi touchée parce qu'elle a le même âge que moi, qu'elle porte le prénom d'une de mes amies, mais surtout parce qu'il y a tant encore dans les rues de ces inconnu(e)s dont la vie a basculé petit à petit et que plus personne ne veut pas voir.



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