lundi 26 octobre 2009

Qui est la joueuse de tchégour du bain turc?

Le premier acheteur du "bain turc" qui avait alors une forme carrée) le rendit au bout de quelques jours à Ingres, sa femme l'ayant trouvé « peu convenable », en échange de quoi le peintre lui donnât un autoportrait de sa jeunesse dont il ne s'était jamais séparé. Ingres donna alors au "Bain turc" la forme d'un "tondo" (tableau de forme ronde) autrefois utilisée pour les oeuvres religieuses et le vendit à Khalil Bey, un ancien diplomate turc, connu pour sa collection de peintures érotiques laquelle contenait notamment "L'origine du monde" de Courbet.

Il est à noter que pour réaliser ce tableau, peint à 82 ans, Ingres n'a eu recours à aucun modèle. Il s'est inspiré des nombreux croquis et tableaux qu'il a réalisés tout au long de sa carrière. On retrouve ainsi des figures de baigneuses et d'odalisques qu'il dessinait ou peignait le plus souvent seules, sur un lit ou au bord d'un bassin, mais aussi de femmes qu'il a connues et peintes comme ses deux épouses. La figure centrale, qui est la plus connue, est ainsi reprise quasiment à l'identique du tableau de "La Baigneuse de Valpinçon"

Des études faites sur ce tableau, il peut être intéressant de retenir la partie du commentaire qui concluait le documentaire qui lui était consacré dans l'émission "Palettes"


"...Peut-être faut-il voir plus encore, dans ce tableau testament, le vieil homme échange sa toile scandaleuse contre son auto-portrait de jeunesse. Il le découpe et le refond pour lui donner la forme qu'avaient jadis les tableaux religieux. Mais le "Bain turc" témoigne d'une culte tout nouveau.

Parvenu au sommet de sa gloire, le peintre respectable n'a plus rien à perdre. A l'approche de la mort, les voiles tombent. Dans la mémoire du vieux peintre toutes les femmes, aimées ou admirées, possédées ou non, encore vivantes ou depuis longtemps mortes, sont mises à nu et se mêlent lascivement.

Seul mystère: au centre la baigneuse au visage caché. Comme si ce simple dos nu était la trame secrète d'un rêve poursuivi tout au long d'une vie.

Peut-être n'y a t il à l'origine qu'une image peinte: celle d'une invitation sans équivoque et un désir sans cesse renouvelé que la peinture seule à la longue pouvait assouvir"

3 commentaires:

arlette a dit…

Ingres fasciné par les femmes et l'art grec a copié inlassablement les corps sur les vases antiques (d'où les déformations anatomiques )Le haremm ou gynécée représente pour lui l'idéal esthétique dans ce tournoiement de formes c'est son oeuvre ultime Dessinateur confirmé
Un rétrospective au Musée d'art Antique D'Arles en 2006 a mis en évidence tout ces critères

arlette a dit…

Correction pas réveillée "tous"

@nn@ L. a dit…

J'ignorais Arlette que Ingres avait beaucoup copié les vases antiques et que cela avait influencé sa représentation des corps.

La fin du documentaire de "palettes" est "touchante" quand on retrouve via tous les originaux de croquis, toutes les femmes qu'il a croisées et une dernière fois immortalisées avec cette question autour de la joueuse de tchégour, une sorte d'idéal féminin, jamais trouvé tout au long de sa vie?