Anna, sublime Anna, dont trois décennies plus tard il reste une, non deux images: Il y a d'abord celle où, telle une piéta, elle ose se glisser, sans un mot, dans le lit de la malade au moment de sa mort. Avec sa rondeur, sa chaleur, sa douceur elle saura l'accompagner quand les propres soeurs d'Agnès: Karin et Maria, sont incapables de le faire et même de communiquer entre elles.
Est-ce pour cela que, Agnès morte, toutes deux elles n'auront qu'une hâte: se débarrasser de Anna en lui proposant non pas des gages mais une aumône -car c'est ainsi qu'elles le pensent- celle de prendre un objet personnel de Agnès, ce que Anna refusera.
Il faut attendre la fin du film pour comprendre le refus de Anna et qu'elle est beaucoup plus qu'une servante effacée et dévouée dont on dispose comme bon il semble.
On y voit Anna ouvrir le journal intime de Agnès qu'elle a pris avec elle. Bergman nous en donne alors à entendre un passage. Agnès y raconte un moment de bonheur, celui où avec ses soeurs et Anna elles ont profité d'une rémission de la maladie pour se promener dans un parc aux couleurs d'automne.
Si les soeurs d'Agnès sont, d'une certaine manière, déjà mortes, Anna elle sera toujours du côté de la vie.
2 commentaires:
Difficile, au-delà de ce que dit l'histoire, de ne pas se sentir touché au plus intime de soi par les images de Bergman. Chacun de ses films peut se "regarder" image par image. c'est, pour moi, toujours le même émerveillement, la même source d'inspiration.Merci.
Plus de 30 ans après les avoir vus et ayant entretemps vécu une seconde moitié de vie, serais-je Michel autant et de la même manière touchée par les films de Bergman, je pense notamment à ceux où il est question de couple et où il mettait en scène ses propres compagnes.
Je ne sais.
Mais cette image là de "cris et chuchotements" est intemporelle et universelle
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