Dans notre mémoire, même si on n'est pas cinéphile, il peut rester de certains films différentes types de traces: l'histoire, la prestation d'un acteur ou d'une actrice, une musique, une scène, une réplique, voire une simple image ou le contexte où on l'a vu et qui renvoient à beaucoup de choses au delà du seul film.
Ci après, 1ère invitation donc pour une balade mémorielle individuelle mais qui peut devenir "interactive" car ce sont parfois, non souvent, d'autres images qui sont restées en mémoire.
La leçon de piano.
En fait ce film est beaucoup plus qu'une seule image, mais aujourd'hui il ne sera question que d'une image qui ne dure au plus que quelques secondes.
Elle est chez lui pour officiellement pour lui donner des leçons de piano, lui qui est illettré.
En réalité, c'est un prétexte car ayant compris à la fois l'importance que revêt le piano pour elle et ce qu'elle représente pour lui, il a modifié les règles du jeu. Il s'agit d'un troc: "Vous jouez pour moi du piano en étant plus ou moins déshabillée et vous regagnez ainsi, touche par touche, votre piano que j'ai racheté à votre mari plutôt que le laisser sur la plage menacé par la mer"
Elle a accepté de laisser tomber la lourde robe victorienne sombre et est assise au piano avec un corset recouvert d'une chemise de jour qui laisse les épaules un peu à nu, et sa crinoline recouverte d'un jupon.
Il la regarde jouer puis se décide à caresser doucement la peau à l'intérieur de ses bras qui vont et viennent sur le clavier, à poser un bref instant sa main sur sa nuque avant d'y déposer un baiser. Et il plonge ... sous sa crinoline tandis qu'effarée elle continue de jouer.
Là est l'image, à la fois pudique et d'une très grande sensualité: sous la crinoline il voit ses jambes recouvertes de ces épais bas noirs tels qu'en mettaient les femmes à cette époque. Dans ces bas, il y a un petit trou d'à peine un cm² qui laisse apparaître sa peau très blanche sur laquelle il va déposer son index . Et ce sera tout.
2 commentaires:
Exercice peu évident que la proposition de ce billet.
Pour ma part, c'est un film de la même époque (1992) qui me vient à l'esprit: La Belle Noiseuse.
Cette quête de la perfection absolue qui place l'artiste (M. Piccoli) et le modèle (E. Béart) dans un huis-clos où il recherche les poses et les lignes parfaites qui l'inspirent, avec toutes les suspicions qui peuvent naître chez leur compagnons respectifs tenus à l'écart...
"La Belle Noiseuse" je ne l'ai pas vu à sa sortie mais plus tard et même dans sa version courte, je me suis emm*** car je n'ai pas réussi à rentrer dans le film. Sans doute que je le regarderais maintenant autrement, notamment en matière de relations qui se nouent ou pas entre un modèle et un artiste.
Du coup, je garde juste le souvenir de deux frustrations:
celle de ne pas voir l'oeuvre achevée (de mémoire Piccoli présente aux autres un autre tableau et cache derrière un mur le véritable tableau)
ignorer quel est cet instant de vérité qu'il a volé chez son modèle, ce moment où elle a été nue au delà de la nudité physique et qui fait qu'ayant vu ce qu'il en a tiré, elle décide de cesser toute collaboration avec lui.
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