Peut-on être déçu par un Taniguchi? La réponse est oui, surtout lorsqu'on attend une oeuvre dans la lignée de "l'homme qui marche" ou de "l'orme du Caucase", les livres par lesquels il s'est fait connaître en France à partir des années 1990. Or ici, on se situe dans le registre des oeuvres de jeunesse, même s'il avait déjà 33 ans au moment de la publication de "Trouble is my business"*
Les oeuvres par lesquelles il s'est fait remarquer en Europe traitent de thèmes universels comme la beauté de la nature, l'attachement à la famille ou le retour en enfance. Il s'inspire régulièrement de sa vie personnelle : souvenirs de son enfance dans "Le Journal de mon père" et "Quartier lointain", débuts de mangaka à Tokyo dans "Un zoo en hiver"...
Rien de tout cela ici puisque non seulement lorsqu'il dessine son trait est encore un peu anguleux comme on peut en trouver dans les comics américains, mais le scénariste avec leque il s'est associé (Natsuo Sekikawa) s'est inspiré des thèmes chers au roman noir américain, avec cette touche humoristique et parfois même caustique, propre à beaucoup des films de ce genre.
Du coup, même si j'apprécie les films noirs, ceux de l'âge d'or qui voyaient évoluer Humphrey Bogart, je n'ai pas accroché. Et le premier des 4 volumes de la série sera très probablement le seul et unique qui sera acheté.
En résumé, une série de 4 livres à réserver aux fans absolus de Taniguchi désireux de posséder tout ce qu'il a dessiné. Les autres l'oublieront car ces mangas ne sont révélateurs ni de son trait subtil où les grisés sont délicatement déclinés ni de son regard sur la vie qu'il a pu ainsi décrire: "Si j'ai envie de raconter des petits riens de la vie quotidienne, c'est
parce que j'attache de l'importance à l'expression des balancements, des
incertitudes que les gens vivent au quotidien, de leurs sentiments profonds dans les relations avec les autres"
* Taniguchi est né en 1947 et "Troubles is my business" a été publié au Japon en 1908 avant de l'être en France en 2013.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire