mardi 11 février 2014

"Au bord du monde" de Claude Drexel

"Au bord du monde" le film documentaire  réalisé par Claus Drexel qui la présenté au Festival de Cannes 2013 n'est sorti en salles que le 22 janvier 2014. Un comble pour un film français! Mais ce n'est pas tout, à Nantes, il quitte l'affiche... le 11 février. Nous étions à peine une trentaine à la dernière séance alors que c'est un film à aller voir. 
A noter que si on y voit de superbes images de Paris la nuit, le sujet est moins glamour que les images de la ville lumière que l'on voit puisqu'il y est question de SDF parisiens, certains l'étant depuis des années: Wenceslas depuis 4 ans, Christine depuis 7... le "record" étant détenu par un vieux monsieur dont j'ai oublié le nom. 








Ils sont 13 à témoigner (11 hommes et deux femmes). Parfois ils ne disent rien comme Henri qui dort quasi nu sous une très vieille couette dans un trou de mur d'un tunnel! Et parfois ils sont assez bavards quand ils racontent leur vie: très peu celle d'avant (on apprend de certains qu'ils ont travaillé, eu des enfants et se sont retrouvés là, au bord du monde) et un peu plus sur leur quotidien. Ils sont "au bord du monde" mais ils ne se révoltent pas, ils essayent de survivre, vaille que vaille, en gardant dans l'ensemble l'espoir de s'en sortir.*









Il faut remercier le réalisateur d'avoir réalisé un documentaire qui ne verse pas dans le misérabilisme, même si certaines images m'ont énormément choquée, notamment vers la fin quand Henri est pieds nus avec juste une couverture sur le dos alors qu'il pleut sur les Champs Elysés ou alors quand des rats viennent voler le pain du SDF endormi sur un matelas jeté à même le sol dans une ruelle qui pourrait être à Montmarte ou dans le 5ème ou le 7ème...
Deux précisions pour finir:
Claude Drexel n'a pas rémunéré les SDF que l'on voit dans le film**. Il s'en est expliqué:  "Déontologiquement, ça ne se fait pas dans un documentaire. Si on paye quelqu’un, il devient un acteur, on peut lui demander de faire des choses. On voulait avoir des gens qui soient libres de nous dire ce qu’ils ont envie. Mais évidemment, la parole qu’ils nous ont offerte, c’est un cadeau d’une valeur inestimable. On leur a toujours apporté ce dont ils avaient besoin: des vêtements, à manger, ou même de l’argent, mais ce n’était pas une rémunération." Avant d'ajouter: "Ce qui est important, c’est que mon producteur reverse une partie des recettes du film à des associations pour que tous les sans-abri puissent en profiter et pas exclusivement ceux qui ont témoigné dans le documentaire."
2° "Au bord du monde" a été réalisé avec le soutien de plusieurs associations spécialisées dans le soutien aux sans domicile fixe, dont Médecins du monde, La mie de pain, Action Froid, CASH (Centre d'accueil et de soins hospitaliers) de Nanterre, Les enfants du canal, le Collectif les Morts de la Rue, Aux captifs de la libération, Toit à moi, le secours Catholique, la ligue des droits de l'Homme et l'association Aurore.
* Grâce au net j'ai su que la situation s'est un peu améliorée pour Christine (désormais hébergée dans sa famille, en province) ou Michel (entré en maison de retraite) mais pas de nouvelle de Henri qui n'a même plus de chaussures ou de Wenceslas qui dans ses glacières transporte des livres (!)  ou la nourriture récupérée dans une superette du quartier de la Madeleine et qu'il partagera ensuite avec ses compagnons d'infortune.
** Au fil du billet apparaissent, par ordre alphabétique:Christine, Henri, Jeni, Michel, Pascal et Wenceslas.

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