L’enfant qui pleure au fond du puits
Sans qu’on veuille l’entendre
L’enfant qui pleure avait promis
De garder le cœur tendre
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L’enfant qui pleure avait gardé
Tous les soleils tous les étés
Goûté l’eau de tous les ruisseaux
Volé avec tous les oiseaux
Elle savait aimer si clair
Elle pouvait aimer si vrai
Que l’amour même le plus fou
Devait fleurir à ses genoux
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L’enfant qui pleure au fond du puits
A rêvé de merveilles
Pour pas l’entendre moi je fuis
Me bouchant les oreilles
Elle avait des sourires d’eau
Des rires fleurs des rires chauds
Elle avait des larmes de blé
Et quand elle retenait l’été
Elle attendait d’autres moissons
D’autres envols d’autres saisons
Qui lui défroisseraient le cœur
Qui lui feraient pousser des fleurs
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L’enfant qui pleure au fond du puits
Possédait les nuages
Se tressait des nattes de pluie
Pour ses dimanches sages
Quand elle parcourait les champs
Une colchique entre les dents
Niant que ce fut un poison
La plante lui donnait raison
Quand elle déclarait au vent
Restez vous êtes mon amant
Elle était libre et croyait bien
Pouvoir courir tous les chemins
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Nous avons chacun notre puits
Où meurt un enfant tendre
Nous l’entendons pleurer la nuit
Sans jamais bien comprendre
Nous abandonnons l’enfant
Nous faisons trois pas en avant
On nous décore on nous dit oui
Maintenant vous êtes guéris
Et nous découvrons le bonheur
Une étagère pour le cœur
Le vent se calme et les étés
Recoïncident avec juillet
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L’enfant qui pleure avait promis
De garder le cœur tendre
Surtout ne murer pas le puits
Il est temps de l’entendre
On ne dira jamais assez le pouvoir des mots pour soulager les maux. Un psychiatre a magistralement illustré ceci dans un livre petit en épaisseur, mais dense de toute une vie.
Post-Scriptum
La revue Télérama n° 3035 du 19 au 25 juillet consacre 4 pages à un interview croisé entre Anne Sylvestre et Marie Chaix
mardi 24 juin 2008
Destins de Femmes (1) Changer de nom pour oublier une autre vie
Il est blessures d'enfances dont il est parfois difficile de guérir.
Deux femmes notamment l'ont fait, chacune via l'écriture, et ce n'est qu'il y a moins de 18 mois que j'ai su qu'elles étaient soeurs.
Il s'agit de Anne Sylvestre et de Marie Chaix, filles de Albert Beugras qui fut pendant l’Occupation le bras droit de Jacques Doriot à la tête de son parti fasciste.
Pour les personnes qui comme moi sont nées plus de 15 ans après la fin de la seconde guerre mondiale, ce nom ne dit plus rien sauf à être particulièrement féru en histoire. De même on conçoit mal l'ambiance qui a pu être celle qui a régné durant ces années d'après-guerre, notamment pour les enfants de ceux et celles qui n'avaient pas fait "le bon choix".
Marie Chaix a d'une certaine manière exorcisé cette enfance via son premier livre "Les lauriers du lac de Constance", sous-titré Chronique d’une collaboration (Points-Seuil).
Anne Sylvestre elle a longtemps tu ou plus exactement esquivé cette enfance, notamment dans son livre d'entretiens menés par Monique Detry intitulé "Pour de vrai" et paru en 1981 aux éditions du Centurion
Cette enfance, il a fallu attendre son dernier disque "bye mélanco" pour qu'elle l'aborde un peu, même si on en trouvait déjà un écho dans une autre de ses chansons beaucoup plus ancienne et beaucoup moins connue que ses chansons engagées (mais je reparlerai un jour plus longuement de cette femme) "l'enfant qui pleure au fond du puits"
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5 commentaires:
Hello
Je n'avais jamais fait le rapprochement entre ces 2 femmes Bravo pour cela
pas très dégourdie en informatique je vais vs envoyerl'article et mon mail si je peux
curieusement vs êtes avec Maria D très proches ds la conception de vos blogs ...........AA J'aime bien
Changer de nom comme on change de masque. On avance toujours masqué dans la vie. c'est, je crois, Cocteau qui faisait cette remarque.
Il y a le regard que l'on porte sur soi et le regard des autres qu'ils portent sur vous. L'image du père se trouve ainsi troublée par la superposition de ces images multiples dans l'esprit de l'enfant. On peut être un "bon" père chez soi et un brigand dans la rue. Faut-il pour autant se croire obligé de porter la responsabilité de l'image pervertie de l'autre? Vaste problème que le devoir de mémoire.
"Changer de nom comme on change de masque. On avance toujours masqué dans la vie..." écrivez-vous Pierre
Combien sommes-nous finalement de "bloggeurs" à avancer masqués derrière un pseudo...
Et je ne parle pas des "bloggeurs clandestins" comme se qualifiait un jour une internaute pour laquelle il semblait bien que même ses proches ignoraient cette activité :-)
Oh ! la la !! Comme cette note est touchant et émouvante... j'ai lu "Les lauriers du lac de Constance" de Marie Chaix il y a déjà bien longtemps... et cela ne me rajeunit pas... je fus profondément troublée par ce livre... j'en ressens encore ce goût amer dans la bouche... merveilleusement bien écrit sans haine, ni gloire... pour ce père...
Je ne savais pas que ces deux grands talents étaient soeurs ... je comprends mieux maintenant certaines choses...
Merci @nn@ pour cette belle note
Maria, je n'ai pas lu de livre de Marie Cheix. Encore un document de plus à lire :-( Pourquoi les journées sont elle si courtes...
Vu l'heure où j'écris ceci je peux désormais marquer: Bonne journée à vous (rires)
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