mardi 3 juin 2008

Remonter la Loire (2)

Rigné-Ussé Sur la place de l'Eglise, ici comme dans beaucoup d'autres communes en France, a été planté en 1989 un arbre de la Liberté. J'y déjeunerai au retour de la promenade, laissant errer mon regard sur les jardins qui descendent vers l'Indre.
Mais auparavant j'aurai retrouvé, non, découvert la plaisir de randonner, seule, sans attache, sans contrainte.
Libre.
Libre d'avancer à mon rythme le long de ce chemin qui au départ filait tout droit, ce qui ne m'a pas empêchée de m'arrêter pour photographier ces drôles de baies dont une amie m'apprendra à mon retour à Nantes qu'il s'agit de fusain.
Je me suis arrêtée plus longuement auprès de cet escalier au bas duquel il y avait une barque amarrée. Le soleil très pâlichon arrivait vaille que vaille à se refléter dans l'eau. La mélodie et les derniers vers de la chanson « Mon mari est parti » de Anne Sylvestre me trottaient dans la tête: «... si les bords de l'étang me semblent monotones, j'irai jouer dedans ...» Même image, autres impressions car quelqu'un me dira lorsqu'il la verra qu'il a pensé, à cause de la chaîne, à cette nouvelle de Maupassant où un homme doit passer une nuit entière sur une barque La brume est tombée et il n'arrive pas à relever l'ancre qui lui permettrait de retourner chez lui. Il est a deux doigts de sombrer dans la folie, de se laisser glisser dans l'eau sans espoir de remonter.
Moi j'ai continué mon chemin, qui, après être devenu un simple sentier au milieu des herbes humides, s'est ensuite élargi lorsqu'il est redevenu une large allée qui logeait une peupleraie.
Il se dégageait de celle-ci une immense tristesse. Etait-ce du à la mélodie de la bruine qui tombait sur les feuilles au sol, à celle du vent dans les branches des arbres dénudés ou à l'alignement des arbres qui me faisait penser aux cimetières militaires... toujours est-il que je ne l'ai vu qu'au dernier moment, lorsque, tel une ombre, il a traversé ma route.
Nous nous sommes longuement regardé, lui cillant régulièrement des ses yeux jaune orangé et moi fascinée par son aile qui pendait tristement.
Ce hibou moyen duc avait-il été blessé par un chasseur? Je n'en saurai jamais rien. Ni même combien de temps il a pu survivre ainsi car, ne sachant que faire pour lui, j'ai poursuivi ma route le long d'un interminable champ de maïs dont les épis n'avaient pas été cueillis.
Là aussi l'atmosphère était triste. Très éloignée de a description avec un champ de maïs aux jeunes épis verts dont dont j'avais lu la description. Je me rappelais surtout ces films japonais où les samouraïs se déplacent dans de les champs en cherchant à savoir, en fonction du bruissement dans les feuilles sèches, l'endroit où se cache l'ennemi prêt à les attaquer.
Etranges pensées donc, peut-être suscitées par les avions chasseurs qui, à deux reprises, ont traversé le ciel tandis que je m'interrogeais sur l'implantation de la base aérienne dont ils décollaient.
Le chemin du retour vers le château me parut long, très long...
La dernière image que je garderai du château de Rigné-Ussé, dit aussi de la Belle au Bois dormant car Charles Perrault s'en serait inspiré, ce sera celle-ci, capturée juste avant de remonter vers l'église tandis que je longeais l'un de ces murs de pierres jaunes qui savent si bien éclairer le paysage lorsque le soleil les caresse.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bien tristounet ton chemin malgré le sourire aux bonnets carrés, aperçus au passage! Et tout alors s'éclaire d'une lumière fuligineuse.
Extraordinaire ce château d'Ussé! Presque irréel comme sorti d'un conte ou d'une bande dessinée.

@nn@ L. a dit…

Pierre,
* Tristounet le chemin? Oui et non, le paysage était certes un peu triste par endroits, la lumière assez grise, mais marcher en méditant en rythme de ses pas n'est pas désagréable. J'ai même écrit là dessus . Peut-être un jour sur "...un chat ..le déposerai-je
* c'est quoi "le sourire aux bonnets carrés" le fusain?
* le château de Rigné-Ussé, lui aussi à visiter... une autre fois :-)