samedi 30 août 2008

le cahier de Hana Makhmalbaf

La jeune afghane me conduit a quitter temporairement (quoique) les billets centrés sur l'ombre et la lumière pour parler d'un film franco-iranien, vu au cinéma en début d'année: "le cahier"
Pour son premier long métrage, Hana Makhmalbaf a planté le décor dans une petite ville construite dans la roche rouge, au pied du site qui abrita pendant des siècles les bouddhas géants de Bamiyan, détruits par les talibans. C'est par cette image du dynamitage que commencera et finira le film... qui prendra alors une toute autre signification.
Au début du film, une petite fille volontaire de 6 ans, plutôt que de garder son petit frère , décide de faire comme son jeune voisin: aller à l'école pour apprendre à lire. Mais elle doit avant se procurer un cahier et un stylo.
L'entreprise conduit la jeune demoiselle à se rendre au marché de la ville pour tenter de vendre, à la sauvette, quatre oeufs, dont la recette doit lui permettre d'acheter une partie de ce dont elle a besoin: le cahier. Car pour le stylo, elle a déjà son idée: il prendra la forme inattendue et pour le moins choquante dans ce pays islamiste: ce sera un tube de rouge à lèvres que cache sa mère au fond d'un sac.
Dans la seconde partie du film, la petite fille essaye de se rendre à l'école de filles car on lui fait vite comprendre qu'il est exclu qu'elle puisse intégrer une école de garçons...
Mais le chemin est long et difficile surtout lorsque les adultes ne cherchent guère à vous aider. Quant aux autres enfants... Elle sera confrontée à une bande de jeunes garçons, talibans en herbes, qui ne font que reproduire ce qu'ils voient au quotidien. Et ce quotidien est effrayant. Certes comme de nombreux petits garçons de part le monde ils y jouent à la guerre après avoir volé à la petite quelques feuilles de papier de son cahier pour fabriquer des avions en papier qu'ils mitraillent
avec des fusils/branches d'arbres. Mais, et là c'est moins fréquent, on fait tomber dans un piège l'enfant inconnu aussitôt accusé d'être un espion américain, on y enferme des fillettes dont on a recouvert la tête d'un sac en papier dans des grottes dont elles ont interdiction de sortir parce qu'elle ont le malheur d'être trop jolies ou d'avoir osé mettre un peu du rouge à lèvres caché de leur mère, et on pousse même le zèle juqu'à enterrer la petite avant de se retenir, in extrémis de la lapider...
Elle finira par s'échapper et se faufilera dans une classe dont l'institutrice fait machinalement son cours devant une classe surpeuplée de petites filles (dont le plus grand plaisir devient rapidement non plus d'apprendre à lire mais de se barbouiller les joues de rouge à lèvres...) avant de l'exclure.
En sortant, elle retombera sur sa bande de tortionnaires d'avant. Et devant un parreterre d'adultes indifférents car occupés aux travaux des champs, fera mine de tomber sur le sol, "tuée" par ses poursuivants, pour qu'ils finissent par la laisser en paix.
Mais c'est à beaucoup plus que cela qu'elle renonce en agissant ainsi. Et ce n'est pas pour rien que la réalisatrice clôt son film comme elle l'avait commencé: avec les statues des boudhas qui s'écroulent.

5 commentaires:

Marwan a dit…

Tout l'Afghanistan résumé au travers des yeux et des jeux des enfants.
Où comment évoquer les maux et la cruauté du monde par d'habiles évocations.

Anonyme a dit…

Que cela est dure a vivre .
Nous sommes tjs aussi peu humain.
Vos com quotidienne sont une richesse pour moi un peu seule.J' apprécie bcp même si je ne sais l' exprimer.Bon dimanche.Noisette.

@nn@ L. a dit…

* L'Afghanistan Marwan, mais aussi tous ces pays où la religion n'aime guère à l'épanouissement de la moitié de la population...et encore je ne compte que les représentantes de sexe féminin mais je ne pense pas qu'elle contribue non plus à l'épanouissement des hommes...

* Même si vos problèmes de santé limitent considérablement désormais vos déplacements à l'extérieur Noisette, continuez de surfer pour voyager via les billets des autres. Voyager et apprendre, toujours apprendre, et partager ce que l'on a appris.
C'est qaund on y renonce que l'on est devenu vieux

Anonyme a dit…

Ce film fait partie de la longue liste des films que j'ai eu envie d'aller voir et que j'ai finalement oubliés... Ton billet me donne envie de réparer cet oubli.

@nn@ L. a dit…

Verveinecitron, ce n'est pas un film aussi dense que "Valse avec Bachir" (le rythme est même assez lent) mais il est très touchant à voir, que ce soit en tant que femme, en tant mère... mais aussi, même si ce n'est pas mon cas, en tant qu'enseignant(e).

Ainsi on y voit que beaucoup de choses dépendent de l'accès ou non au savoir. Et l'image de ces jeunes garçons guerriers qui préfèrent ne voir dans les pages du cahier que la possibilité de fabriquer des avions américains qu'ils pourront abattre à de quoi inquiéter