vendredi 8 août 2008

Destins d'Hommes (6) Kitano et le flic d'Hana Bi

Parmi les réalisateurs japonais contemporains, l'un d'eux a particulièrement retenu mon attention. Il s'agit de Takeshi Kitano.

Au départ, c'était à cause de son jeu cinématographique particulièrement inexpressif qui me mettait d'autant plus mal à l'aide que je savais que après le calme apparent de certaines scènes viendrait une explosion de violence qui n'en serait que plus déroutante. Et cela dès son 1er film réalisé au pied levé: "Violent cop".

J'ignorais alors que cette absence d'expressivité dans le jeu était due en partie aux conséquences d'un accident de moto (dont il reconnaît maintenant qu'il était une sorte de suicide manqué) qui lui a laissé la moitié du visage paralysée.

De même j'ignorais que, à côté du Kitano réalisateur adulé en Occident, existait un acteur de sketches comiques très apprécié au Japon (un peu comme si Coluche, s'il avait survécu à son accident de moto, avait fait cohabiter en permanence l'homme au nez rouge et le pompiste de "Tchao Pantin"), mais aussi un peintre (certaines de ses oeuvres figurent notamment dans "Hana Bi") et enfin un musicien, ainsi que vient de le l'apprendre un site qui lui est consacré http://www.takeshikitano.net/

De tous ces films, un surtout retient mon attention: "Hana Bi". Avec ce film, il oblige à voir au delà de la violence d'un homme qui semble complètement absent, même si à un moment on peut le voir sourire, chose rare chez cet acteur.

Cet autre individu, c'est un homme qui, par compassion avec la femme d'un ancien collègue qui s'est suicidé, ou avec un autre collègue devenu handicapé qu'il va aider à se consacrer pleinement à la peinture ...

...et enfin par amour pour sa femme qui est atteinte d'une maladie incurable, va inciter le flic qu'il est à se compromettre avec les Yakusas.

Il réussira un coup audacieux: braquer une banque habillé en policier mais avec une ancienne voiture achetée dans une casse et maquillée en voiture de flics.

Il échappera ensuite vaille que vaille à tous ceux qui le traquent, anciens collègues et yakusas, durant un long voyage qu'il offre à sa femme pour mieux choisir sa fin, leur fin, sur une plage déserte où un enfant joue avec un cerf-volant.

Je n'avais pas vraiment accès au net à l'époque où j'ai connu ce film via, non pas une salle de cinéma ni même la télévision mais via la B.O.F. du film.

Je ne connais pas de moment plus poignant que cette musique si mélancolique qui s'arrête brutalement avec deux coups de feu. Jo Hishashi qui était alors son compositeur attitré (elle a cessé avec "Dolls") a écrit là une partition parfaite. Tout comme le sera la musique du thème principal de "l'été de Kikujiro", un subtil mélange de gaité et de tristesse, à l'image de l'un des deux héros du film: un Yakusa de seconde zone vieillissant qui découvre sur le tard une certaine forme de paternité.

Il existe ainsi des associations merveilleuses entre réalisateurs et musiciens.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Et que dire de la collaboration Hisaishi/Miyazaki sinon qu'elle est une harmonie de sensibilité et de puissance!
Joe Hisaishi est pour moi, avec Ryuichi Sakamoto, l'un des plus grands compositeurs japonais actuels, et compositeurs de musiques de films en particulier, avec un emploi du piano qui fait presque sa marque de fabrique.
La partition pour Princess Mononoke de l'un, ou pour Little Bouddha de l'autre sont de véritables merveilles que je ne me lasse pas d'écouter.
Il faudrait que j'arrive à le voir, ce Hana-bi. Je n'ai vu que L'été de Kikujiro de Kitano... Next time!

@nn@ L. a dit…

Doucement Steph quant à la collaboration entre Hisaishi et Miyazaki, vous me piquez l'intro du billet de demain :-)))

Jo Hisashi, j'ai 4 BOF de lui: Chihiro, Hana Bi, Kikujiro et Mononoké et deux compilations dont une qui émane des studios Ghibli avec une violoncelliste qui joue notamment un morceau extrait de Nausicaa: l'homme-oiseau: sublime...

Anonyme a dit…

Oups! ;o))

Pour Hisaishi, regarder (ou écouter) du coté des albums "Works I" et "Works II", ainsi que le "Tokyo Concert" qui rassemblent les thèmes les plus forts du compositeur, avec la Suite Symphonique de Nausicaa (et un "hommage" à Handel dont j'avais parlé par là ) et Hana-bi, Sonatine, Mononoke...

@nn@ L. a dit…

Il est exact que naturellement je vais plutôt piocher dans les bacs du côté des B.O.F. que des musiques plus "classiques" même si un compositeur comme Philip Glass {The Hours}figure dans les deux...mais il faut savoir changer ses habitudes

Pour "l'hommage à Haendel" il suffit de suivre le fil...ce que je fais de sitôt

@nn@ L. a dit…

steph, le lien ne s'activant pas, après avoir un peu cherché sur votre site, je prends la liberté de le recopier en "clair"
http://www.konnek-t.com/dotclear/index.php/2008/01/19/133-musique-de-films-et-inspiration

à noter que à cette occasion, j'y ai retrouvé un commentaire qui m'a fait sourire ;-)