mardi 12 août 2008

D'autres fois il faut au préalable accomplir un long voyage...

Parvenu à l'âge de la retraite, mais point résolu à se ranger pour cela, le journaliste Bernard Ollivier avait décidé de partir avec son sac, comme tout bagage, pour une "promenade" de quatre ans: de Istanbul jusqu'à Xian en Chine. Pourquoi? Le savait-il lui même en partant ce qui le poussait à entreprendre ce long périple de douze mille kilomètres de route - de piste surtout - avec volontairement pas plus de quatre sous en poche : il dormirait quand il le pourrait chez l'habitant, au hasard de l'hospitalité qu'on lui offrirait.
Trois volumes sont parus pour raconter son périple.
Longue marche - Tome 1 - Traverser l'Anatolie
Le volume relate la première saison du voyage (printemps-été 99). Parti d'Istanbul, il comptait atteindre Téhéran; de méchantes aventures lé à un problème de santé l'ont arrêté à quelques kilomètres de la frontière d'Iran. Auparavant, les tribulations ne lui ont pas manqué. Les belles rencontres non plus. Il lui est même arrivé de se frotter à un ou deux miracles (nous sommes en Orient). Quant à savoir pourquoi il s'entête à aller ainsi... il ne sait toujours pas trop. On lui a cent fois posé la question, elle l'embarrasse toujours. Peut-être a-t-il écrit ce livre pour tenter d'y répondre.
Longue marche - Tome 2 - Vers Samarcande
Du printemps à l'automne 2000 (les neiges de l'hiver interdisent le passage des cols), Bernard Ollivier poursuit sa route. Il a franchi les dernières passes du Kurdistan, traversé une large part de l'Iran - Tabriz, Téhéran Nichapour -. avant de se retrouver en juillet face au terrible Karakoum, un désert impossible à traverser l'été. Il a d'abord cherché un chameau, afin de transporter l'indispensable provision d'eau (douze litres par jour : la ration de survie d'un marcheur), et s'est fait rire au nez. Et puis têtu comme un caillou du Khorassan, il s'est fait chameau lui-même : il a acheté un vélo d'enfant le désosse et réussit à le transformer en une sorte de chariot (qu'il appelera Ulysse) auquel il s'attellera pendant plusieurs semaines... Jusqu'à ce qu'apparaissent enfin, à l'horizon les coupoles d'or de Samarcande.
Longue marche -Tome 3 - Le vent des steppes
Au cours de ces pages, le lecteur sera convié à franchir les neiges du Pamir, à se perdre dans les ruelles de Kashgar - seule métropole d'Asie centrale à vivre encore à l'heure des Mille et Une Nuits -, à longer l'interminable désert du Taklamakan puis le Gobi, à pénétrer enfin dans la Chine des Han par le chemin des anciens pèlerins fidèles à l'enseignement du Bouddha... Mais l'écrivain marcheur, durant la dernière année de sa longue marche se surprendra plus d'une fois (barrage de la langue?) a regretter la générosité de l'islam, si hospitalier au voyageur... mais peinera malgré tout à retrouver ce qu'on appelle la « civilisation ».
Si Bernard Ollivier tire quelques conclusions personnelles de son aventure, c'est sur un ton réservé, pudique - et il reste toujours aussi méfiant à l'endroit de la « littérature » ...
Au final, "longue marche", est un passionnant récit où bien que Bernard Ollivier soit un piètre photgraphe -il le reconnaît lui même- il fait partie de ces fabuleux raconteurs. Alors on est avec lui sur la route de la soie et on adhère pleinement à ce qu'il écrit de ce voyage "...Après ces jours solitaires, j'ai eu la confirmation que l'on n'est vraiment soi-même que dans l'effort, l'adversité, l'exceptionnel..."

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Belle errance que celle qui consiste à se chercher au bout d'ailleurs;
Nicolas BOUVIER, dans ses chroniques japonaises écrivait : "C'est le propre des longs voyages que d'en ramener tout autre chose que ce qu'on y allait chercher ." Et si c'était cela finalement la véritable aventure ? le goût d'être SOI ?

@nn@ L. a dit…

;-)
Dans la pemière mouture de ce bilet je conclais par quelque chose comme ceci: "la route de la soie, mais aussi la route vers soi"

Mais cette "piste" risquait de m'entraîner pour le billet suivant vers autre chose, limite cul-de-sac que je ne souhaitais pas. Alors je l'ai changé, ce qui permettra, via 4 autres bilets, de repartir dans une autre direction.

Anonyme a dit…

Je partage assez comme lui,
de dire que,
se connaître d'être soi,
c'est souvent dans le rude, le douloureux, l adversité, l extrême...
qu'ils soient choisis ou pas choisis..

@nn@ L. a dit…

* Nos esprits se croisent Alix, car au moment de prolonger l'actuel billet, après avoir renoncé à la conclusion "route vers soi", j'ai failli aborder le thème du festival "étonnants voyageurs" qui se tient tous les ans à St Malo
http://www.etonnants-voyageurs.com/
festival dont l'un des prix est intitulé... "Nicolas Bouvier"
Mais j'ai finalement opté pour un autre cheminement de pensée

* Quant à vous Annick, vous avez parfaitement raison, c'est dans l'adversité qu'on se réalise. C'est là aussi qu'on trouve ceux et celles sur lesquels on peut réellement compter pour vous y accompagner:-)