lundi 18 août 2008

"Valse avec Bachir"

Ce film, je n'y avais pas vraiment fait attention, même lors de sa sortie lors du festival de Cannes. Et il a fallu un billet de « Verveine citron » http://monjardinamoi.canalblog.com/archives/films/index.html pour que, intriguée, j'aille au delà des mots du titre et de l'affiche et que j'aille le voir au cinéma.
Un film? Plutôt un de ces OFNI (Objet Filmé Non Identifié) comme l'étaient « le grand silence » dont j'ai déjà parlé et « jour après jour » dont je parlerai une autre fois.
En réalité, il s'apparente aussi bien: * à une BD mise en images (plus qu'au film d'animation car celle-ci est assez basique par rapport à ce à quoi les studios Walt Disney ou Pixar nous ont habitué) * à un film (quant à sa construction avec notamment des scènes récurrentes dont le "rêve" du héros
qui reviendra par trois fois avant que l'on passe, tout à la fin à de véritables images tirées des rares vidéos réalisées lorsque les gens ont pu entrer dans les camps de Beyrouth ouest en 1982 * au documentaire avec, pour reconstituer la mémoire défaillante du « héros », le réalisateur lui-même: Ari Folman, des interviews de personnes ayant participé aux faits ou expliquant comment ils les ont vécu au plus profond d'eux même via des rêves.
Ces rêves comme celui avec les 26 chiens tués raconté tout au début du film celui avec la géante qui emmène un soldat loin de la tuerie
celui du réalisateur qui émerge de la mer avant d'être cerné par des femmes en pleurs (et qui figure dans la bande annonce)
http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=18816964&cfilm=125077.html expliquent assez bien l'état d'esprit de ces très jeunes gens lorsqu'ils sont partis faire la guerre au Liban, ou après qu'ils en soient revenus, marqués à jamais au point d'être parfois devenus amnésiques.
Oublié comment dans un verger un pré-adolescent palestinien isolé a pu user d'un lance-roquette pour détruire un char avant d'essuyer en représailles les tirs de plusieurs soldats. Ou blié comment un soldat a pu danser par défi avec sa mitraillette sous le feu des snipers...
Pour survivre il faut pouvoir d'abord essayer de travestir la réalité, un peu comme le réalisteur qui arrivé à l'aérport de Beyrouth se refuse d'abord de voir à quel point il est dévasté. Plus tard, ne pas vouloir comprendre ce massacre qui se met en place, parce que cette réalité est trop choquante pour eux dont les parents ont été victimes des nazis, et qui se sont à un moment retrouvé dans la position, si ce n'est des bourreaux, du moins dans celle des riverains plus ou moins passifs qui ont contribué à laisser, à laisser tuer... avant de constater que l'ils pensent avoir tout oublié.
Fallait-il choisir cette forme là: celle de la bande dessinée qui s'apparente plus à « Maus » que de la reconstitution (il n'existe pas d'image d'archives des massacres dans les camps de Sabra et Chatila, juste quelques images tournées après le départ des milices chrétiennes) ou que d'une succession de témoignages oraux façon « Shoah »?
Je ne sais.
Une chose est cependant certaine: dans la salle de cinéma où ce film israëlien passait en VO, plus d'un spectateur a été touché car nombreux sont ceux qui sont restés sur leur siège pendant que défilait le générique... Quand je suis ressortie, dehors il faisait beau et doux et j'ai repensé à un film de Dalton Trumbo, inspiré de son propre livre, à moins que ce ne soit l'inverse, vu bien des années auparavant.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Je n'avais pas vu que tu avais écrit ce billet: au passage, tu en parles drôlement mieux que moi :)
Pour ma part, je continue à dire que c'est un bon film, sans indulgence ni auto-flagellation pour ces jeunes soldats israeliens, même si depuis j'ai pu débattre avec des gens d'origne libanaise qui y voient, eux, une façon des déculpabililiser les soldats israeliens qui ont assisté à ces massacres. Mais il me semble que le propos est davantage sur la question de la mémoire que sur celle de la faute, même si elles sont forcément liées. Pour le reste, je ne connais pas assez le "dossier" pour me prononcer très nettement.

Anonyme a dit…

Que reprocher à ces jeunes soldats confrontés aux horreurs de la guerre ? De ne pas avoir désobéi aux ordres venus d'en haut - laisser faire et ne pas intervenir - ? De ne pas avoir pris conscience de ce qui se passait ? Ce sont avant tout des soldats participant à un conflit armé !
Il est des logiques implacables de par ce monde : la guerre en est une, avec tout ce qu'elle véhicule comme atrocités en tous genres avec toujours au milieu les populations civiles...
Je trouve ce film très intéressant car il amène à se poser tout un tas de questions sur cette période de l'Histoire du Proche-Orient

@nn@ L. a dit…

Verveinecitron, Malausen, c'est l'un des attraits de ce film que l'on peut "lire" à la fois comme une réflexion sur la mémoire qui semble effacer les souvenirs pénibles pour pouvoir continuer à vivre et une autre sur les choix (ou non choix) que l'on peut faire dans certaines circonstances et qui renvoient à notre inconscient collectif.

Je pense entre autres films à "avoir 20 ans dans les Aurès" ou le très décrié "Lacombe Lucien"