Tout en haut, une fois poussée la barrière de sécurité, il y avait la cour immaculée que personne n’avait encore foulée. Au fond, les classes avec leurs hautes fenêtres entourées de briques rouges étaient encore sombres. A droite, le préau était comme un grand trou noir. Et, presque au milieu de la cour, il y avait la silhouette de cet immense tilleul dont les feuilles à l’automne formaient un épais tapis d’or odorant et craquant que, les jours de grand soleil, nous adorions fouler pour le plaisir de la vue, celui des oreilles et de l'odorat.
J’ai traversé cette mer de neige lentement, savourant le plaisir d’enfoncer doucement mes pieds dans la neige qui crissait à chaque pas. A la fin, je me suis retournée.
Joie imense des traces que l'on laisse derrière soi. Tristesse aussi: bientôt des milliers de pas s’y ajouteraient, transformant cet océan de blancheur en une immonde boue noire. Aujourd’hui encore, les rares jours où il neige dans notre région, ce sont ces mêmes sentiments qui m’assaillent avant de traverser pour la première fois une surface enneigé que personne n'a encore marquée: joie et tristesse. Surtout ne pas chercher à savoir pourquoi.
7 commentaires:
Hello
C'est vrai ce sentiment si bien d'écrit de la blancheur immaculée et de la première trace ,émouvante évocation pleine de vie on sent le crissement de la neige sous les pas
Instant de nostalgie qui perdure souvent toute une vie..........
Belle journée
AA
Très beau ce texte... les premiers pas dans la neige, vus de la hauteur d'une petite écolière, c'est toute une aventure ! Et cette impression de puissance que l'on a à être le premier ou la première à fouler ce tapis blanc ! Dommage que la météo hivernale soit si capricieuse !...
Comme cette trace dans la neige est belle ... et comme je me retrouve dans ce texte magnifique.... ce plaisir de marcher sur la neige immaculée ... être le premier , le premier à laisser sa trace, un bonheur...
Il m'est venu en mémoire le magnifique film "La trace" de Bernard Favre avec Richard Berry en colporteur savoyard... vous souvenez-vous ?
Belle soirée à vous chère Anna
* Arlette, vous qui bien que partie plus au sud, venez comme moi de Bretagne où la neige est rare, vous comprenez d'autant mieux la force de cette sensation d'enfoncer les pieds dans un tapis de neige inviolée
* Je ne sais pourquoi Malausen cette première neige là est restée aussi vive dans mon souvenir. Peut-être à cause du silence qui régnait de cette grande cour si bruissante de vie en temps normal?
* Maria, le titre que vous citez me dit qulque chose, mais je n'ai pas le souvenir d'avoir vu ce film
* Tous les trois: Je viens de m'apercevoir que ces traces qu'on laisse dans la neige semblent encore plus émouvantes que celle de nos pas sur le sable des plages et que la mer efface, alors même que ces dernières sont encore plus éphémères... Pourquoi?
Questionnement Anna
Je crois que la neige est d'abord immaculée et signe de pureté tragique aussi ,alors que le sable à une connotation de soleil de vacances et d'éphémère de châteaux de sable ......... en excluant bien sûr le désert qui peut-être terrible .mais tout n' est ici que sensations
on peut en dire beaucoup
c'est bien de réfléchir parfois
Amitiés AA
J'avais plus pensé Arlette à une explication liée au côté définitif/temporaire:
Je laisse des traces dans la neige = j'altère définitivement un territoire vierge et je le marque comme mien
Je laisse des traces dans le sable = la mer ou le vent les effaceront tôt ou tard donc je sais que ce territoire qui se régénère ne sera jamais mien...
avec en arrière plan cette question; si je laisse une trace, laquelle?
J’aime cette idée de « traces » qu’une part de nous-mêmes prend pour de l’éternité quand tout n’est qu’instant fragile et périssable. Le seul espace « vierge est devant nous ».
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