jeudi 9 octobre 2008

ombre et lumière (12) dans un couple et sur un visage

Bien que n'ayant pas vu le film depuis plus de 30 ans, je garde une image très forte de quelques scènes ou plus exactement d'un dialogue qui, dans "cris et chuchotements", réunissait deux des acteurs fétiches de Igmar Bergman: Erland Josephson dans le rôle de David, un médecin de famille et Liv Ullmann dans le rôle de Maria, l'un des trois soeurs de l'affiche.
Pour resituer ce dialogue: des années auparavant, Maria et David ont été amants. Le temps a passé, les a séparés mais ils viennent de se retrouver au chevet la soeur de Maria, Agnès, qui va bientôt mourir. Maria cherche de nouveau à séduire David, en vain. Elle insiste en allant le retrouver dans sa chambre. Alors il lui parle.
Ce qu'il lui disait alors m'avait beaucoup choquée, par le contraste entre la douceur apparente de son visage à elle, à peine éclairé dans la nuit par une bougie... et la violence des propos qui étaient tenus. Et encore ignorais-je, la 1ère fois que j'ai vu le film, que Liv Ullmann était alors la femme de Igmar Bergman.
David: Viens voir ici... Maria! Viens. Regarde-toi dans le miroir... Tu es belle... Peut-être encore plus belle que de notre temps... Mais tu as changé... Je voulais que tu vois que tu as changé...Tes yeux jettent à présent des regards rapides, calculateurs... Autrefois tu avais un regard droit, ouvert... sans dissimulation. Ta bouche a pris un pli de désenchantement, d'insatisfaction... Autrefois, elle était douce. A présent ton teint est pâle... tu te maquilles. Ton front large a maintenant quatre rides au-dessus de chaque oeil... Tu ne peux pas le voir sous cette lumière, dans cette maison, mais cela se voit en plein jour... Sais-tu d'où te sont venues ces rides?
Maria: ... Non...
David: De l'indifférence, Maria... Et cette jolie ligne de l'oreille au menton, elle n'est plus si parfaite à présent... C'est la marque du confort et de l'indolence... Tu vois là, à la base du nez? Pourquoi te moques-tu si souvent Maria? (...) Sous tes yeux, cette patte d'oie imperceptible, marque du dégoût... et de l'impatience.
Maria: Est-ce que tu peux vraiment voir tout cela sur mon visage?
David: Non, mais je le sens quand tu m'embrasses.
Maria: Je crois que tu te moques de moi. Je sais où tu le voies.
David: Où donc?
Maria: Tu les vois en toi-même... Parce que nous nous ressemblons tant, toi et moi...

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