jeudi 30 octobre 2008

du film: "si le vent soulève les sables"...

Voila ce que dit le synopsis officiel du film: « D’un côté, le désert qui grignote la terre. (...) De l’autre la guerre qui menace. Au village (...) la majorité des habitants, se fiant à leur instinct, partent en direction du Sud. Rahne, seul lettré, décide de partir avec Mouna, sa femme et ses trois enfants vers l’Est. (...) Histoire d’exode, de quête, d’espoir et de fatalité. (...) »
Le film est grave (mais il n'est jamais très gai de parler de choix, de destinées, surtout lorsque la mort les accompagne), beau (le pays exact n'est jamais cité, puisqu'il est juste fait mention de la région des lacs mais les paysages, dont le générique final apprend que les scènes ont été tournées en Ethiopie, sont superbes malgré leur fréquente aridité) et retenu alors qu'il est si souvent poignant.
Il est à l'image des toutes premières scènes où Rahne qui vient d'avoir une fille après avoir déjà eu deux garçons décide de suivre le conseil d'un ancien du village et de tuer la petite fille: la sécheresse menace de durer et de compromettre pas la possibilité de nourrir une aussi nombreuse famille. Sa femme Moune l'entend et fuit avec l'enfant. Lorsqu'elle revient, il la roue de coups avant de la soigner et de la laisser choisir un nom pour l'enfant: Shasha.
Très peu de paroles mais beaucoup d'échanges de regards. Ainsi lorsque la famille après avoir franchi une frontière et vu qu'une famille amie qui les avait précédés a été massacrée par des soldats devenus fous, doit donner un de ses trois enfants pour payer le passage. Le père propose sa plus jeune fille. Les soldats refusent. Et c'est l'aîné de la famille qui se contente de dire « j'y vais papa... » et part en les regardant longuement, les uns comme les autres sachant pertinemment qu'ils ne se reverront probablement jamais.
Et puis c'est la mère qui se meurt, épuisée par la marche et par une hémorragie. Le père la laisse sous des rares arbres au maigre feuillage qui a pu, vaille que vaille, survivre dans ce recoin du désert, sachant qu'il est peu probable qu'il puisse dans la journée qui vient trouver de l'eau et lui en ramener... à défaut de secours.
Avant de s'arrêter pour ce qu'on pense être l'étape finale, la petite fille, qui voit un liner passer dans le ciel croit que celui-ci les cherche, et son père la détrompe doucement en lui disant « ils ne nous voient pas ». Mais c'est toute l'Afrique, ce continent que l'on dit berceau de l'humanité, qui meurt doucement, petit à petit, de soif, de guerre, de maladies, sans qu'on veuille le voir...

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Oui... toute l'Afrique qui meurt de notre indifférence... merci Anna pour ce billet si sensible et qui me touche en plein...

@nn@ L. a dit…

Chose étonnante Maria, ce film n'a pas plu à une partie des Africains (acteurs trop beaux, image renvoyée de l'Afrique etc...)
Tel n'a pas été mon cas car ce film renvoie à tellement d'interrogations: sur la place de la femme, sur les traditions, sur l'opposition des savoirs... mais j'anticipe sur ce que j'ai écrit le lendemain.
Ai écrit... un bien grand mot car j'ai surtout recopié un certain nombre de passages du livre