Mais je ne connaissais pas encore ces mots là, comme beaucoup de ceux qui suivent, puisque ce n'est que beaucoup plus tard que j'ai pu mettre des mots sur ses souvenirs-là.
Il y avait au tout d'abord deux arbres un peu isolés et d'autant plus impressionnants. En fait des plants de rhubarbe avec leurs immenses feuilles. Plus tard, je m'en ferai des parapluies, du moins pendant les courts moments où, ma mère en ayant coupées me laissera jouer avec les ombrelles avant de transformer leur longues tiges rouges en compote ou en confiture.
Plus loin il y avait les arbustes griffus de groseilliers. De ces groseilliers aux petits fruits rouges si jolis à voir mais si acides au goût. Je préférais et préfère encore de beaucoup le cassis, d'un noir légèrement bleuté beaucoup moins beau mais tellement beaucoup plus doux au goût lorsqu'on en fait exploser la petite baie après l'avoir fait longtemps rouler dans sa bouche.
Et enfin il y avait la forêt. Une forêt de plants de dahlias multicolores au travers desquels je me suis frayée un chemin en levant régulièrement la tête pour entrevoir le ciel bleu au travers de leurs branches fleuries enchevêtrées.
Soudain il y eu un obstacle. Ce ne fût pas le mur noir de la maison du voisin, un mur enduit d'une peinture noire qui sentait fort lorsque l'été le soleil l'éclairait. Non, c'était juste une toile d'araignée tendue au travers de mon chemin. J'ai préféré reculer. Non, je n'avais peur de l'épeire qui se tenait au centre de la toile et que je trouvais si jolie avec son ventre marron veiné de blanc mais je n'ai pas voulu détruire la fragile toile si joliment étirée au travers de mon chemin.
Je suis restée longuement à la regarder sans bouger, les mains bien posées à plat sur la terre rendue poudreuse par la chaleur de l'été.
3 commentaires:
Impressions de l'été
après avoir contourné la dentelle tendue entre la branche et le parasol pour ne pas déranger la fileuse et son travail très
élaboré ,une photo s'imposait dans les derniers rayons du soleil
Le parasol ne fût pas refermé ce soir là
Bonjour Anna belle impression si bien décrite on y était presque, comme chez Courbet on sent les embruns dans "ses paysages de mer"
Le Monde se lit toujours "à hauteur des petits de la femme et de l'homme".
Il suffit cependant qu'ils lèvent les yeux pour jouer avec les étoiles.
* ah les brodeuses Arlette... j'ai vu il y a un ou deux ans un très beau film avec Ariane Ascaride sur deux brodeuses: une qui doit faire le deuil de son fils et l'autre accepter l'idée qu'elle va devenir mère.
J'ignore quel âge j'avais quand je suis allée explorer cette parcelle de dahlias, mais dans mon souvenir ils sont tellement grands que je devais être toute pitchoune.
* Vous n'avez pas tort Michel de parler d'étoiles car les dahlias appartenaient à cette variété haute dont les pétales sont longs et fins, un peu comme on représentait au moyen-âge les étoiles dans le ciel... sauf que mes étoiles blanches mais aussi et surtout rouge sang
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