vendredi 10 octobre 2008

Du livre au film ou du film au livre

Hier soir dans un cinéma nantais passait, juste avant un débat organisé dans le cadre de la 4ème journée mondiale sur les soins palliatifs, le film de Philippe Lioret "Je vais bien, ne t'en fais pas" tiré du livre du même nom de Olivier Adam.
Le débat qui a suivi devait tourner autour de "dire ou ne pas dire la vérité".
L'auteur du livre qui a participé à l'écriture du scénario a semble-t-il d'ailleurs lui même évolué sur cette question de "dire ou ne pas dire". Dans le film faut-il dire ou ne pas lire à cette jeune femme que son frère (cadet dans le livre, jumeau dans le film) qui comptait tant pour elle est décédé pendant qu'elle était en vacances à l'étranger.
Dans le film, pour qui a lu le livre auparavant, on comprend très vite que Loïc a un un accident durant son stage d'escalade. A la fin du film, c'est même très clairement dit au compagnon de Claire (car c'est son prénom dans le livre, même si dans le film elle porte le prénom de Lili, celui de la chanson du groupe Aaron).
Dans le livre, aucune explication n'est fournie quant à la disparition de Loïc et tout est possible: fugue, accident ou suicide.
Dans le film, Claire/Lili avoue à son père qu'elle l'a vu poster la lettre mais en tire dans un premier temps une seule conséquence: son père écrit pour lui fait croire que Loïc pense à elle. Elle en informe sa mère qui a priori ignorait cela. Plus tard Claire/Lili taira le fait qu'elle a trouvé la guitare de Loïc pour continuer de laisser croire qu'elle ignore son décès.
Dans le livre, Claire avoue à son père qu'elle l'a vu poster une lettre, mais n'en parle pas à sa mère qui sait pourtant ce que fait le père... Et surtout elle reste sur cette espérance d'un retour de Loïc, et que continuera à faire perdurer son compagnon Julien (dans le film, il s'appelle Bruno et parle ouvertement de la mort de Loïc avec les parents de Claire/Lili)
Julien... dans le livre il est assez différent de Bruno. Comme Claire/Lili, c'est un solitaire en vit sa vie comme un échec. Claire/Lili a toujours vécu dans l'ombre de Loïc, Julien/Bruno dans l'espoir de la rédaction d'un livre qui le ferait sortir d'une vie à l'horizon étriquée. Pour lui, Claire/Lili est un immense éclat de soleil, douloureux cependant, car s'il est heureux qu'il soit entré dans sa vie, il a peur qu'elle ne soit pas pour lui et n'ose pas croire en eux deux. Mais il l'aime, alors, quand il sait car il a vu, par hasard, le tombe de Loïc, après avoir longtemps hésité, après l'avoir laissé entendre à demi mots aux parents de Claire/Lili, il décide de se taire.
"...Claire entre. Julien se retourne. Elle lui sourit. Putain ce sourire. A cet instant Julien jure que si quelqu'un avise de lui faire mal, il lui éclate la gueule, il lui fait bouffer ses dents. Claire le bouleverse par la seule grâce de son sourire si mince..."
Une sorte d'amour absolu, de la même veine que celui qui, lorsque le père de Lili écrit au nom de Loïc, lui dicte des mots de mépris, de rage et de haine à son propre égard pour mieux justifier auprès de sa fille pourquoi Loïc serait parti, lui donner envie d'en faire autant pour échapper à cette vie là, en fait de les quitter, eux ses parents, mais aussi et surtout de donner à sa fille le goût de continuer à vivre.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

J'avais déjà très envie de voir ce film à sa sortie, mais, comme souvent, ça ne s'est pas fait. Ce billet me fait dire qu'il faut absolument que je répare cet oubli.

@nn@ L. a dit…

Si le livre et le film sont passionnants (avec une préférence pour le livre qui décrit mieux ce que peut être le quotidien dans toute sa grisaille, les faux-espoirs des "petits, des sans-grades"...et surtout qui n'a pas ces scènes agaçantes où est donnée un image de la psychiatrie pour le moins dépassée) attendez avant d'aller le voir.
Pourquoi? Parce que j'ai toujours pensé qu'un bébé se nourrit aussi de nos émotions et que dans ce film certaines sont pour le moins douloureuses.