mercredi 17 juin 2009

une rivière, un livre, des souvenirs

La rivière et le livre: c'est l'Erdre, celle décrite hier par Hervé Bazin dans son assez peu connu "qui j'ose aimer" où la rousse Isa raconte comment, au domaine de La Fouve, elle est devenue, le temps d'un hiver, la maîtresse de son beau-père avant que ce dernier, une fois sa femme décédée, ne s'en retourne d'où il venait, dans son domaine de l'autre côté de la rivière: La Glauquaie, ce pendant masculin du gynécée de La Fouve.
Les souvenirs... Ce sont ceux qui ont afflué lorsque, pour recopier les quelques passages du livre, je me suis penchée sur les pages jaunies de ce vieux livre de poche et en ai humé l'odeur.

Rennes, dans les années 75.
Il y avait encore un hôpital militaire en bas de la place Ste Anne. Est-ce grâce à cela que survivait cette boutique qui avait été autrefois un café avant que les livres n'envahissent tout l'espace?
Il fallait descendre trois marches étroites pour y rentrer tandis que tintait le carillon de la porte vitrée. Alors la grosse Dame derrière sa caisse et l'espèce de teckel/saucisse qui lui tenait lieu de chien levaient le nez: la première du roman photos qu'elle lisait et le second du panier où il dormait quasiment en permanence.
Après, ils se fondaient de nouveau dans le paysage, non le capharnaüm de la boutique où règnait une odeur un peu bizarre qui avait imprégné les livres au point de persister plus de 30 ans plus tard. De visite en visite, elle ne serait que peu modifiée sauf durant les mois d'hivers où un vieux poêle à fuel dissipait, vaille que vaille, l'humidité ambiante.

Capharnaüm, bazar. Comment décrire le lieu?
Il faut imaginer une pièce un peu sombre même en plein été, avec le long des murs de vieilles étagères presque en bois brut où le classement des livres se faisait plus en fonction de la collection (Poche/J'ai lu/Série Noire) que du genre. Il a vite été évident que la culture de la propriétaire s'arrêtait aux pages people des revues qu'elle lisait. Alors , sur les tables, à même le sol, les livres s'empilaient comme au hasard, à croire qu'elle les achetait en lots, voire au kilo...
Si on se mettait dans la peau d'un archéo-explorateur près à affronter la poussière (Indiana Jones n'était pas encore passé par là), et que l'on acceptait de remuer moult ouvrages, on avait certains jours la chance de découvrir quelques pépites qu'elle vendait pour une somme dérisoire.
En fait, il n'y a qu'une zone que je n'ai jamais exploré: celle des revues et des livres qu'elle conservait avec soin près de sa caisse pour éviter que de trop jeunes yeux ne cherchent à en savoir plus que le titre, assez souvent explicite quant à leur contenu. Et au moment de quitter la boutique, dans le recoin où elle avait aménagé sa niche/caisse, le contraste était saisissant entre cette femme boudinée dans ce qui lui tenait lieu de robe et les pulpeuses créatures de papier qui l'entouraient...

4 commentaires:

michelgonnet a dit…

Toujours "autres" et "magiques" les lieux où se reposent les livres. Attente "feutrée" de regards qui sauront à nouveau faire chanter ce qui, sans eux, ne serait que "cimetière des signes"

@nn@ L. a dit…

Avec la propriétaire des lieux, ces livres là avaient trouvé une bien piètre chef de choeur Michel. (sourire)
De mémoire la maison où était cette boutique a été remplacée par un immeuble d'habitation... mais lorsque je retournerai à Rennes, j'essaierai de retourner par là pour en avoir confirmation.
Et l'autre librairie qui était très connue est devenue... Vous le saurez demain car sans le savoir, vous venez de me souffler l'idée du billet de demain

Marwan a dit…

cette description me fait penser à 2 boutiques que je connais dans le 5e arrondissement.

La première est dédié aux livres dans la langue de Shakespeare et lorsque l'on rentre à l'intérieur, on a l'impression que les murs se rapprochent et l'espace rétrécit, tant la lumière baisse et les étagères croulant de livres occupent les moindres recoins.

La seconde est une antre pleine de magie. Son propriétaire a pour manie d'ouvrir quand bon lui semble et de ne pas ouvrir à tout le monde.
Mais lorsque vous êtes à l'intérieur, c'est le bonheur pour les amateurs de Jules Verne. Ici, pas de bazar mais une pièce mal éclairée à cause de la vitrine aux trois-quarts occultée et surtout, des étagères couvrant les murs du sol au plafond, sur trois côtés, avec des ouvrages de Jules Verne dont les plus anciens remontent à l'époque de l'écrivain. Et tout ça, sans compter l'arrière-boutique où le propriétaire était le seul à pénétrer.
J'en suis ressorti avec un exemplaire en parfait état de 1917 de "20 000 lieux sous les mers" qui ornent aujour'hui ma bibliothèque.

@nn@ L. a dit…

Marwan, à Rennes la boutique décrire tenait plus de la bouquinerie/solderie.
Les deux boutiques parisiennes tiennent plus pour la 1ère de la librairie spécialisée et la seconde ... ah la seconde... une librairie spécialisée/antiquaire?
Dans l'un et l'autre cas elles donnent envie d'y faire un tour, rien que pour l'ambiance qui doit y régner