C'était le 5 avril. Un article du Monde relatait un "fait-divers" survenu à Athènes: le suicide d'un retraité de 77 ans qui justifiait ainsi son acte: "Puisque mon âge avancé ne me permet pas de réagir de façon dynamique (...), je ne vois pas d'autres solutions que cette fin digne de ma vie. Ainsi, je n'aurai pas à fouiller les poubelles pour assurer ma subsistance."
L'article indiquait aussi ceci: "Plusieurs études ont rendu compte ces derniers mois d'une augmentation des dépressions et suicides en Grèce, où la crise économique et sociale a fait bondir le taux de chômage, chuter salaires et retraites, paupérisant des pans entiers de la population."
En fait cet article était une sorte d'écho à un long article de la revue Marianne paru moins d'un mois plus tôt et intitulé "Le suicide, enquête sur un mal français"
On y apprenait ainsi que près de 11 000 Français se donnent la mort chaque année (un chiffre 3 fois supérieur à celui du nombre de tués sur la route). Des chiffres supérieur à la moyenne européenne, laquelle s'est cependant accrue depuis 2008 de 5% dans 9 des 10 pays qui disposent de statistiques en la matière. Il faut aussi prendre en compte les 220 000 T.S.*, formulation pudique que préfèrent utiliser ceux et celles qui ont eu un proche dans cette situation. Quand ils osent en parler car les professionnels de la santé estiment que 20 à 25% des cas sont tus, niés, requalifiés en accidents ...
L'article rappelait aussi un certain nombre des données connues dans une ancienne vie professionnelle mais que le grand public ignore très souvent:
- que le taux de suicide est 3 fois plus élevé chez les hommes, notamment qui vivent seuls,
- que le processus opératoire est différent selon le sexe (les hommes "préfèrent" la pendaison ou les armes à feu et les femmes, les médicaments)
- que dans 40% des cas, il y avait eu auparavant une T.S.
- que les liens familiaux, maritaux, amicaux, sociaux "protégeraient" du suicide
- qu'il y a des période "fragiles" comme l'entrée -souvent difficile- dans la vie active ou encore la sortie de celle-ci, lorsque les personnes perdent leurs repères et leur statu social
- que durant la période de vie active, certains milieux professionnels sont plus "atteintes": les agriculteurs, les professions de la santé (accès facilité à certaines substances?) ou du social (épuisement à force de côtoyer des situations difficiles?), celles qui sont amenés à utiliser des armes dans l'exercice de leur fonction (gendarmerie, police).
Mais depuis quelques temps sont aussi montrées du doigt les entreprises où le mode de management comporte des éléments qui pourraient être qualifiés de harcèlement. Et hélas, ce n'est pas de sitôt que les quelques cellules d'accompagnement qui sont mises en place lorsqu'il y a eu trop de passage à l'acte pourront annuler l'effet de tant de réformes où le mot d'ordre est "ça passera, coûte que coûte"
* T.S. Tentative de Suicide
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