samedi 27 décembre 2008

Il y aurait eu 61 ans...

... hier si on se réfère au mariage civil ou aujourd'hui si on se préfère le mariage religieux... sans ce cancer détecté beaucoup trop tard et qui l'a emportée le 15 juin dernier: le jour de sa fête qui cette année était aussi celui de la fête des pères.
Les vieux
de Jacques Brel
Les vieux ne parlent plus ou alors seulement parfois du bout des yeux. Même riches ils sont pauvres, ils n'ont plus d'illusions et n'ont qu'un cœur pour deux. Chez eux ça sent le thym, le propre, la lavande et le verbe d'antan; Que l'on vive à Paris on vit tous en province quand on vit trop longtemps. Est-ce d'avoir trop ri que leur voix se lézarde quand ils parlent d'hier et d'avoir trop pleuré que des larmes encore leur perlent aux paupières ? Et s'ils tremblent un peu est-ce de voir vieillir la pendule d'argent qui ronronne au salon, qui dit oui qui dit non, qui dit : "je vous attends ?"
Les vieux ne rêvent plus, leurs livres s'ensommeillent, leurs pianos sont fermés. Le petit chat est mort, le muscat du dimanche ne les fait plus chanter; Les vieux ne bougent plus, leurs gestes ont trop de rides, leur monde est trop petit. Du lit à la fenêtre, puis du lit au fauteuil et puis du lit au lit. Et s'ils sortent encore bras dessus, bras dessous, tout habillés de raide, c'est pour suivre au soleil l'enterrement d'un plus vieux, l'enterrement d'une plus laide. Et le temps d'un sanglot, oublier toute une heure la pendule d'argent qui ronronne au salon, qui dit oui qui dit non, et puis qui les attend.

Les vieux ne meurent pas, ils s'endorment un jour et dorment trop longtemps. Ils se tiennent la main, ils ont peur de se perdre et se perdent pourtant. Et l'autre reste là, le meilleur ou le pire, le doux ou le sévère. Cela n'importe pas, celui des deux qui reste se retrouve en enfer. Vous le verrez peut-être, vous la verrez parfois, en pluie et en chagrin traverser le présent en s'excusant déjà de n'être pas plus loin. Et fuir devant vous une dernière fois la pendule d'argent qui ronronne au salon, qui dit oui qui dit non, qui leur dit : "je t'attends". Qui ronronne au salon, qui dit oui qui dit non et puis qui nous attend.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci ... c'est si touchant ... merci

http://www.dailymotion.com/relevance/search/les%2Bvieux/video/x167k9_jacques-brel-les-vieux_music

@nn@ L. a dit…

Et merci à vous Maria d'avoir trouvé ce lien.
Pour être franche j'ai songé à le faire via youtube et daily motion mais j'ai quelques soucis avec mon PC depuis quelques temps en matière d'implantation de photos ou vidéos alors
Adolescente sans internet j'ai avoir passé un temps fou à recopier les paroles en arrêtant le disque sur la platine avant de comprendre que Brel avait eu cette idée géniale d'utiliser des vers à 18 pieds!
J'ignorais alors que l'histoire de ce couple ne serait pas tout à fait celle de mes parents... Mais ceci est un blog donc je n'écrirais rien de plus