mardi 12 janvier 2010

Isa, inoubliable "passagère du vent"

A quoi reconnait-on un bon dessinateur de bandes dessinées?

Peut-être à sa capacité de ponctuer une histoire (à défaut de la raconter en entier) juste avec quelques cases, sans une seule bribe de paroles et pourtant tout est limpide. Taniguichi s'en est rendu maître avec "l'homme qui marche". Mais d'autres aussi ont montré ce talent comme Manara dans "l'indien" ou Comès dans le bien nommé "Silence"... et aujourd'hui François Bourgeon avec le livre 2 de "la petite fille Bois-Caïman".

Ci après 4 pages où tant est dit sans aucun mot ou si peu.

Dans cette première planche, il y a l'angoisse d'Isa pour sa fille qu'elle a toujours fait passer pour celle que son frère aurait eu avec une femme noire car en ces temps, il était inconcevable qu'une femme blanche ait pu concevoir un enfant avec un noir. Sa détermination aussi quand il faut lancer son cheval dans le fleuve pour aller récupérer sa petite qui, malgré ses 5 ans, a un caractère aussi volontaire que sa mère.





Dans la seconde page, c'est la mort qui s'avance mais que Bourgeon reste à distance, beaucoup plus qu'il ne l'avait fait dans le cycle initial des "passagers du vent". Si Isa ne meurt pas, le marchand d'esclaves qui l'a gravement blessée si, et sa mort,méritée, n'est pas esquivée. Celle de sa fille qui se noit, sans que personne ne puisse la sauver l'est: une petite main, un visage qui s'enfonce sous les eaux et puis quelques bulles. Un écho à d'autres noyades, ou tentatives de noyade, volontaires ou non, du 1er cycle.

Quelques pages plus loin, Isa a raconté la fin de son histoire à sa petite fille Zabo. Elle lui a surtout confié un secret qu'elle a porté toutes ses années en elle. Et qui ne surprend pas si on se rappelle les liens atypiques qu'elle avait noués en Afrique avec Aouan. Zabo est allée se coucher et Isa parle de rejoindre sa petite fille, de même que l'eau du fleuve rejoint toujours la mer, cette mer qui bien des années auparavant lui avait permis de quitter l'Europe pour aller en Afrique puis s'installer en Louisiane.




Bourgeon traduit très bien la beauté de certaines aubes, leur paix. Zabo va se réveiller et découvrir qu'Isa a rejoint sa fille. Isa a mené à terme ce qu'elle avait failli faire à la fin du 5ème volume lorsqu'elle s'était retrouvée seule, sur une plage, sous la pluie, démunie de tout et ayant perdu à jamais Hoël. Elle n'avait alors que 20 ans mais il lui restait encore tant à vivre.

8 commentaires:

verveinecitron a dit…

Tu me donnes vraiment envie de me plonger dans cette série!

@nn@ L. a dit…

Elle vaut effectivement le coup verveinecitron, notamment les 5 1ers volumes parus il y a + de 20 ans et qui constituent un bon témoignage de ce que fût le commerce triangulaire.
Par contre il vaut mieux passer par une médiathèque ou une copain bédéphile car le tout c'est 7 volumes (5 + 2) et à hauteur de 13 à 15€ chaque, tu n'auras aucun mal à faire le calcul...

verveinecitron a dit…

Oui, oui! Je vais à la médiathèque cet après-midi et je vais jeter un coup d'oeil.

verveinecitron a dit…

J'ai fait chou blanc à la médiathèque mais je suis revenue avec les trois premiers tomes des Maîtres de l'orge. Je sais, je sais: ce n'est pas une nouveauté!

@nn@ L. a dit…

Pour "les passagers du vent" il ne reste plus maintenant qu'à trouver un collègue de travail un peu plus âgé bédéphile et/ou ayant fait des études d'histoire

Quant aux "maîtres de l'orge", ce n'est pas une saga autour d'une famille de brasseurs avec au scénario de "père" de XIII?
Si oui, j'ai acheté la seconde série citée dont j'ai quasiment tous les volumes et feuilleté rapidement ceux des "maîtres" (quand les enfants étaient petits et que j'allais en médiathèque)

verveinecitron a dit…

oui c'est cela.

@nn@ L. a dit…

J'avais pas mal aimé Verveinecitron ce que j'avais lu de cette BD quant au contexte autour de la fabrication de la bière, des rivalités au sein des familles dans un contexte socio-politique bien décrit... et un peu moins la manière parfois un peu racoleuse d'attirer le lecteur avec des scènes un peu plus "chaudes" -tout comme dans Largo Witch dont il est aussi le scénariste- Mais bon, j'avais peut-être un peu trop de préjugés à l'époque

marie a dit…

c'est beau comme ....la pub Aubade !
bises