En fait le véritable titre de l'ouvrage est "le village de l'Allemand ou le journal des frères Schiller". Ce sous-titre importe car il renvoie à la forme narrative utilisée par l'auteur qui fait alterner les journaux écrits par Rachel (contraction de Rachid et et Helmut) et de Malrich (Maek et Ulrich).
Rachel et Malrich sont nés du même père: un Allemand installé dans les années 50/60 en Algérie, converti à l'islam et devenu une personnalité très estimée dans le bled où il vit avec sa femme, une Algérienne. Leurs deux enfants, bien que tous deux élevés sur le sol français par un oncle de leur mère, ont suivi des parcours très différents. Rachel a accompli des études d'ingénieur, s'est marié avec une Française et a acheté un pavillon de banlieue, Malrich, qui est beaucoup plus jeune, a vite arrêté ses études et connaît l'autre côté de la vie des banlieues, celui où le chômage règne et où il n'est pas évident d'échapper aux diktats de le religion.
Tout bascule à la mort de leurs parents, assassinés en même temps que d'autres villageois, en avril 1994, des morts à laquelle les deux frères réagissent différemment après avoir découvert le contenu d'une valise appartenant à leur père qui s'avère alors être un ancien nazi. Rachel, qui n'avait pas voulu prévenir son frère de la mort de leurs parents, se lance dans des longues recherches afin de comprendre ce père, se coupe petit à petit de sa famille, du monde et finit par se suicider, deux ans jour pour jour après la mort de leurs parents, pour expier les fautes de leur père. Malrich, lorsqu'il découvre la vérité via les documents -dont le journal de son frère- remis par Com Dad, un flic qui connaît la banlieue comme sa poche, se positionne tout autrement: il se révolte et survit. Peut-être à cause de ce que Com Dad lui a dit:
"...Tu fais un télescopage entre hier et aujourd'hui, entre Rachel et toi, entre ton père et l'imam, tu penses aux nazis qui t'ont volé ton père, qui en ont fait l'instrument d'un génocide, tu penses aux islamistes qui ont tué tes parents et cette pauvre Nadia*, tu veux te venger, en commençant par l'imam parce que c'est le chef, le führer, (...) et que c'est là une façon pour toi de te racheter, de voir ton père autrement, de lui pardonner (...) on n'efface pas le crime par le crime, ni par le suicide. (...° nous ne sommes pas responsables ni comptables des crimes de nos parents..." Autant d'avouer, ce livre de Boualem Sansal je ne l'ai lu réellement qu'à moitié, la fin a été parcourue très vite, en biais. En effet, arrivée à mi-parcours de l'ouvrage, lorsque Rachel raconte l'un de ses rêves où il s'imagine, enfant dans un camp de concentration dont son père contribue au bon fonctionnement, j'ai calé. Je n'ai plus eu envie de prolonger la longue quête de Rachel qui le mène à la mort ni supporté les longues tirades de Malrich où il compare la banlieue aux camps de concentration, l'imam au führer, un des aspects de l'ouvrage que d'autres lecteurs que moi ont aussi trouvé excessif. Peut-être, parce que certain(e) en ont parlé chaleureusement sur le net, qu'un jour je ré-essaierai.
2 commentaires:
Avec ce livre, Sansal fait des parallèles qui dérangent. J’ai eu la chance d’échanger quelques mots avec Boualem Sansal à St Malo à l’occasion des Etonnants Voyageurs. Sansal est un esprit libre. Au dessus de la religion et de la politique, il est l’ennemi de tous les despotismes. Sansal est un homme sensible et courageux. Ses livres sont interdits dans son pays l’Algérie où il vit.
Tout a fait d'accord avec vous Luc sur ce que vous écrivez au sujet de l'auteur.
Il n'en demeure pas moi que j'ai eu du mal à dépasser le passage où Rachel décrit son cauchemar, sans doute parce que c'est là que j'ai senti vraiment qu'il plongeait vers quelque chose dont il ne reviendrait pas. Une "chute" qui renvoyait à d'autres choses dont je n'avais nullement envie de faire état sur le blog.
C'est pour cela que j'ai arrêté la lecture que je n'exclus nullement de reprendre un jour.
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