dimanche 22 juillet 2012

"l'ambulance 13 - Au nom des Hommes" de Cothias, Ordas et Mounier

Au front, le retour est difficile pour le sous-lieutenant Louis-Charles Bouteloup, mis aux arrêts pour avoir "pris langue avec l'ennemi sans autorisation". Il trouvera cependant un moyen pour faire opérer le soldat qu'il a ramené de derrière les lignes, quitte à ce que celui-ci lui en veuille de l'avoir empêché de mourir parmi ses hommes.
Le père de Louis-Charles, lui aussi médecin et militaire, désapprouve son fils qui a choisi d'agir en médecin plus qu'en soldat. Un père traditionnel de la pire espèce qui, lorsque sa femme et sa fille demandent des nouvelles de leur fils et frère, se fâche (page 12): "Comme si ce n'était pas assez de vivre comme un ouvrier et de manger comme un paysan, il faut maintenant que je me comporte comme un quémandeur pour préserver ma carrière. [Personne pour] ôter mes bottes et me servir un mandarin! C'est tout de même insensé, j'arrive de Chantilly et personne ne se soucie de ce dont je pourrais avoir besoin. Il n'y en a que pour Louis-Charles!"
La bonne, Églantine, viendra le servir, une bonne qui ne l'aime guère si l'on en croit le sourire qu'elle a lorsqu'il doit repartir plus tôt que prévu. La guerre, elle connaît (page 21) car: "Églantine avait un cousin, Henri, ouvrier dinandier à Cambrai, décapité par un obus à Rethel, en août 1914... Personne n'en a jamais rien su chez les Bouteloup... ça aurait changé quoi? "Ma pauvre Églantine... Mais il est tombé pour la France, vous savez? Allez, finissez la vaisselle, quand on travaille, on réfléchit mois..." 

Finalement Louis-Charles s'en tire... du moins pour un temps car son équipe et lui assurent les arrières, soit disant parce qu'il est le dernier arrivé. En réalité, c'est une nouvelle tentative de son commandant, qui ne prise guère le père de Louis-Charles, pour se débarrasser de lui.
Une nouvelle offensive commence. Une boucherie, une fois de plus, qui est décrite en quelques vignettes et quelques lignes qui tapent fort, comme en son temps les phrases de Dalton Trumbo dans "Johnny got his gun"* (page 33)
"Vient un autre pauvre bougre, la clavicule brisée, la face si brûlée qu'elle paraît fondue. Plus de sourcils ni de cils. La moustache est un paquet charbonneux. Le nez se résume à deux trous où siffle l'air avec un bruit de baudruche... C'est un Allemand. A présent la cuisine est envahie de blessés dont certains ont parcouru plus d'un kilomètre en empêchant leurs viscères de se répandre... Au moins mourront-ils ailleurs que dans la boue. (...) Une odeur de sang, de tripaille, de fièvre et de déjections sature l'air. (...) Il y a autant d'Allemands que de Français dans la cuisine (...)."
Là Louis-Charles va recevoir l'aide d'un chirurgien allemand qui a été fait prisonnier, avant que les rôles ne s'inversent et que l'équipe de Louis-Charles ne soit encerclée puis autorisée à retourner derrière les lignes française en emmenant ceux qui seront le plus utiles... à la poursuite de la guerre.
Un album qui finit là aussi mal, avec une nouvelle attaque. D'un côté il y a Guillaume de Hohenzollern qui (page 46), fort du "Gott mit uns", y harangue ses troupes avec un "Avez-vous fait en sorte que, ce matin, Dieu soit Allemand". Et de l'autre il y a Charles-Louis qui, moins de deux mois après être arrivé sur le front, ne croit plus à grand chose.

* "Johnny got his gun" c'est un livre, publié tout d'abord le 3 septembre 1943, qui, malgré son succès, compte tenu du contexte de l'époque, ne pût être re-édité qu'en 1945 avant d'être mis en image en 1970 par son auteur lui-même, un scénariste inscrit sur la "liste noire"

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