Certaines photographies ont elles aussi servi à faire de la propagande. Parfois, celui ou celle qui en était le "héros" est resté pendant très longtemps un(e) inconnu(e). Au Mémorial de Caen, on apprend que, après des années d’anonymat, deux d'entre eux ont retrouvé un nom: Georges Blind et Masha Bruskina.
Le premier a souvent été surnommé le "fusillé souriant". Sa photo, initialement parue dans la presse alsacienne*, juste après la Libération, est très rapidement devenue le symbole de la Résistance tout en intriguant à plus d'un titre:
- qui était cet homme et comment pouvait-il ainsi sourire face à la mort?
- où et quand la photo avait elle été prise?
C'est en 1984 que, grâce à un journaliste têtu (Christophe Grudler) et un photographe américain (James Wood), des réponses ont pu être apportées à ces questions.
L'homme, c'est Georges Blind: un infirmier appartenant au corps des Sapeurs-pompiers de Belfort. S'il sourit sur la photo, c'est parce que, ayant refusé d'avoir les yeux bandés, il avait vu le photographe, le nombre disproportionné de soldats qui le mettaient en joue et avait tout a fait conscience que c'était un simulacre d'exécution destiné à le faire craquer. Il ne sera effectivement pas fusillé mais déporté à Dachau, puis à un camp de travail rattaché à Auschwitz où il mourra.
Le lieu? Ce sont les fossés du château de Belfort. La date? L'original de la photo porte en effet la date d'octobre 1944 et correspond à la période où il a été arrêté. La photo est parvenue jusqu'à nous grâce à Aloyse Ball, qui, dans sa boutique de Belfort, effectuait le développement et le tirage des films réalisés par les soldats allemands de la garnison. Emu par cette photo, il en tirera un exemplaire supplémentaire qu'il remettra à son fils lequel la transmettra au journal "la jeune Alsace" en mai 1945.
L'autre inconnu célèbre est une très jeune femme blonde à qui un officier de la Wehrmacht passe la corde au cou tandis qu'à côté d'elle un jeune homme souriant attend d'être à son tour exécuté. Le photo est connue sous le nom des "pendus de Minsk". Car ce jour là ils furent 3 à être pendus ainsi que le montrent toute une série de photos où l'on voit notamment cette jeune femme qui marche avec une pancarte autour du cou.
Ce n’est qu’à la
fin des années 1960 qu’elle a été identifiée, avant que son nom ne soit
rendu public en 1996. Une révélation tardive que certains mettront sur le fait que Staline n'aurait pas aimé que l'on sache que cette jeune femme devenue elle aussi une icône de la Résistance, était juive.
On sait maintenant qu'elle s'appelait Masha Brukina. Elle avait 17 ans lors de sa pendaison, et le jeune homme à côté d'elle, Volodia Shcherbatsevich, en avait 16. Masha, qui avait rejoint la résistance, travaillait comme volontaire dans une infirmerie
allemande pour les prisonniers de guerre soviétiques.
De là, elle participait à un trafic de documents et d’armes, afin de
permettre aux francs-tireurs d’attaquer une patrouille allemande mais aussi d'aider à s’évader les soldats soviétiques qui étaient remis
sur pied. En octobre 1941, un des évadés fut repris par
les nazis et la dénonça.
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