J’ai connu Friedrich par une belle après-midi d’hiver ou de printemps où la lumière était douce dans la salle de lecture de la bibliothèque de la ville de Rennes. La salle était tranquille comme les salles de bibliothèque avec, comme très souvent, une majorité de vieux messieurs retraités venus consulter quelques livres rares.(...)
Sur les présentoirs, une revue d’art a attiré mon attention. Sur sa couverture, la reproduction du tableau « in memoriam Johann Emmanuel Bremer » de ce peintre qui m'était alors inconnu. Je ne l’ai pas retrouvé sur Internet et la seule photo que j’en ai est une petite vignette en noir et blanc qui figure dans le livre des éditions Flammarion consacré à ce peintre. Il faut donc imaginer un portail fermé au bout d’une allée avec tout au fond des arbres élancés et la silhouette d’une ville. Le tout nimbé de cette lumière que certains, notamment les photographes, aiment tant: celle du crépuscule.
Juste quelques photos en couleur dans cet article avec notamment une petite photo en noir et blanc du tableau « le moine au bord de la mer »... où j’ai longtemps cherché le moine.
Avec Friedrich, c'est l'histoire classique du peintre adulé de son époque mais qui tombe ensuite dans l’oubli. Que dire de lui? Juste ceci puisque internet est là pour les curieux.
Né en 1774 dans un petit village du Nord de l'Allemagne. Il fut frappé dès son enfance par la mort de sa mère, celle de ses soeurs et la noyade de son frère Christoffer au cours d'une partie de patinage sur la mer Baltique gelée. Il est probable que la foi, transmise par son père grâce à la lecture quotidienne de la Bible, fût d'un grand secours pour Friedrich.
Le 2éme élément qui a marqué Friedrich, ce sont les paysages de son enfance ; la mer Baltique, les rivages de l'Elbe et les montagnes du Harz et du Riesengebirge.Ses paysages sont des décors intemporels, austères, voire hostiles. Cimetières, cathédrales en ruines, arbres desséchés ... La réflexion sur la mort et l'au-delà est omniprésente, parfois adoucie par un langage symbolique religieux d'où émane une grande spiritualité. L'homme, lorsqu'il est présent, est souvent figuré de dos. Friedrich construit ses oeuvres avec une rigueur et une précision extrêmes qui mettent en valeur le sentiment, romantique par excellence, de la solitude humaine face à l'immensité de la nature
Peintre oublié mais qui renaît puisque depuis quelques années des extraits de ses tableaux illustrent régulièrement les couvertures d’un certain nombres de livres.
Récemment « le moine devant la mer » constituait la page de couverture d'un ouvrage consacré à la solitude.
Un autre peintre, du Xxème siècle aurait pu être choisi, mais ceci est une autre histoire.
7 commentaires:
Merci de nous montrer ce peintre oublié. Pour ma part le ne vais pas l'oublier.J'ai déjà vu, quelque part, l'arbre dépouillé et le solitaire sur son rocher mais sans les identifier. Le chaos de glaces est impressionnant
Hello Anna
En mission ...........pour un nouveau reportage Je découvre votre travail Bravo encore un article a inclure ds mes notes avec un autre regard
Vu plusieurs expos où ses peintures surgissaient effarantes de douleurs et bien dans la mouvance des romantiques et de son vécu Dernièrement Courbet face à la mer m'a fait penser à lui mais Courbet était dans un autre état d'esprit
En fait reproduire ou illustrer un thème par un tableau est dangereux car on peut lui faire dire tout autre chose
Merci chère Anna de reprendre ainsi son parcours si "accidenté" et très personnel
* j'ose écrire caphadock que depuis quelques années Friedrich après des années de purgatoire est désormais allègrement pillé.
Il est probable qu'il en est de même d'autres auteurs car quand un livre paraît, notamment un roman, qui regarde qui a illustré la couverture?
* Avant Arlette que vous ne fassiez le rapprochement Courbet/Friedrich j'avais envie de parler de ce peintre. Encore fallait il trouver le "prétexte". L'ouvrage entrevu en cherchant de la documentation sur Séraphine de Senlis a été le détonnateur. Ne restait plus alors qu'à trouver le fil conducteur dans le labyrinthe de la mémoire (rires)
Vous avez raison de souligner le danger d'associer un mot et une oeuvre, quelle qu'elle soit d'ailleurs notamment car ce n'est que notre regard à un moment précis.
Fridriech a toujours peuplé mon musée intérieur et, du coup, je me pose des questions sur ma propre mémoire... Il me semble que je l'ai rencontré dans mes lectures sur les romantiques allemands, ou bien lors de mes études approfondies sur Goethe ou Nietzsche... Famille qui me mène aussi à Kokoschka... plus tard... Merci @nn@. Je suis heureuse de vous retrouver...
Gene
Contrairement à vous Gene j'ai découvert Friedrich sur le tard. Mais je viens d'une famille de terriens où l'on ne fréquentaient pas les musées. De toute manière on ne voyageait jamais plus loin que le chef lieu de canton.
Autre temps, autre mode de vie, autre vision du monde heureusement révolus, même si...
Rires car vous venez de m'inciter à relire le dernier chapitre du livre de Michel Tournier "les météores"
Chère @nn@... Je vous avais déjà dit que nous deviosn avoir les mêmes racines terriennes (et les miennes sont vosgiennes, c'est vous dire!). Je vous écris de la pièce où ma grand mère barattait le beurre, de la ferme que j'ai rachetée après sa mort et que je chauffe toujours au bois. Dans le poele... Mais Friedrich, c'est le voisin allemand, alors je l'ai vite rencontré sur ma route à Strasbourg sans doute.... Belle préparation de fête!
Gene
Avec le temps Gene, mes racines terriennes sont devenues aussi fines et fragiles que celles des plantes de jardinière sur le balcon... mais de cela je reparlerai en off
Quant à Friedrich, même si on ne parle pas ou très mal la langue, il faut avoir l'âme un peu allemande pour l'apprécier... comme Tournier notamment dont j'avais beaucoup aimé "le roi des aulnes" au point de ne pas vouloir voir le film, pourtant avec John Malkovitch que j'aprécie beaucoup comme acteur
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