vendredi 4 novembre 2011

"Polina" par Bastien Vivès

De Bastien Vivès, je ne connaissais rien. Mais il y a eu la couverture de "Polina" avec cette jeune danseuse et son professeur et une critique, de mémoire élogieuse, qui m'ont donné envie de l'acheter, moi qui ne raffole pas en temps normal de ce type de graphisme un peu acéré avec uniquement du noir et blanc, rehaussé de plages grises.

Après lecture, je n'accroche toujours pas au graphisme... quoique le choix du dessinateur soit particulièrement judicieux pour retranscrire le mouvement en quelques traits fluides, comme s'il s'agissait d'esquisses. Mais l'histoire m'a bien plu.

L'histoire?
Les femmes qui ont pratiqué la danse l'aimeront parce qu'elle traduit bien l'effort que cet art implique, les moments d'enthousiasme (avec la découverte de certains chorégraphes novateurs) et de découragement (après des remarques qui font douter, des blessures...)
Les autres apprécieront cette histoire intemporelle d'une personne qui, au delà de ses doutes, cherche sa voie. Elle observe, écoute, avec un air grave et sérieux car Polina sourit peu, se tait souvent, explose parfois... et avance, bien souvent seule, atypique, même lorsqu'elle est avec les autres.

Parmi les passages que j'ai beaucoup aimé en voici deux:
- dans le 1er, Polina qui a éprouvé le besoin de prendre quelques jours de repos car elle a eu du mal à accepter d'être évincée, pour cause d'une blessure, de son duo avec Adrian, le danseur qui est son partenaire et son amant, lui téléphone pour lui apprendre qu'elle revient. On ne saura pas ce qu'il lui dit mais près de lui se trouve sa partenaire du duo.

Il est alors passionnant de relire les pages qui ont précédé pour comprendre tous les petits indices de cette rupture semés au fil des pages: Adrian qui est toujours en retard dans le mouvement quand Polina est en avance, Adrian qui lui blesse lors d'un passage difficile un ligament de cheville, les retrouvailles dansées dans leur chambre et où le couple perd l'équilibre. Il n'y avait plus d'entente entre eux car l'harmonie régnait désormais dans le duo entre Adrian et sa nouvelle partenaire...

- dans le second, Polina devenue adulte et célèbre, retrouve son professeur de danse qui est resté dans le cours privé où elle a commencé. Malgré la vingtaine d'années passées, il a toujours gardé barbe et cheveux noirs et de grosses lunettes derrières lesquelles ses yeux sont invisibles. Car c'est toujours ainsi que Polina l'a toujours vue: LE Professeur du jour de sa première audition.

Là il ôte ses lunettes, dévoilant ses rides, des yeux très las et une barbe et des cheveux gris. Quelques pages plus loin, Polina peut enfin oser lui proposer d'effectuer devant ses élèves une valse. LE pas de deux qu'elle a toujours rêvé de danser avec lui. Maintenant elle n'est plus son élève mais sa partenaire et ils sont à égalité.
Il restera à Moscou, elle partira à Paris où, seule, elle travaillera le solo qu'il lui avait écrit une dizaine d'années plus tôt.

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