jeudi 10 novembre 2011

Vie et mort autour d'une piscine

C'était il y a longtemps, 25 ans en fait, la maternité de Rouen auprès de laquelle je faisais assurer le suivi de ma première grossesse organisait des séances de préparation à l'accouchement au sein de la piscine municipale. Mis à part les exercices qui nécessitaient de mettre la tête sous l'eau, ce que j'ai toujours détesté, c'était très agréable car la maître-nageuse qui organisait les séances avec une sage-femme, n'oubliait jamais de monter l'eau du petit bassin, déjà plus chaude en temps normal, de quelques degrés.

C'est donc avec un certain intérêt que j'ai découvert via un article de presse qu'une maternité nantaise avait construit sa propre piscine où elle organisait des séances de préparation à l'accouchement, des séances que les futures mamans appréciaient beaucoup. "appréciaient" car ce temps va bientôt être révolu faute de "rentabilité" suffisante de l'ouvrage, ou plus exactement de service rendu insuffisant.

En effet, même si la piscine de la clinique avait été ouverte sur certains créneaux horaires aux obèses, elle restait nettement sous-utilisée. Or, dans le même temps, le groupe mutualiste qui gère la clinique au sein de laquelle se trouve cette piscine avait pris conscience de l'émergence d'une demande de plus en plus forte de prise en charge de malades atteints du cancer, une demande que les établissements existants ne parviennent plus à satisfaire . Retour donc pour les mamans à la case départ: une préparation en piscine "classique" et bienvenue aux places de chimiothérapie.

En fait cette ré-organisation des lieux est une parfaite illustration de l'évolution de la société qui vieillit: moins de naissances et plus de personnes d'âge adulte confrontées à des pathologies que l'on repère plus tôt et que l'on soigne de mieux en mieux.
Etrange cependant de se dire que dans un même lieu géographique, une fois ce dernier ré-aménagé, vie et mort vont se succéder. Autrefois tout était fait pour que la naissance du bébé à venir se passe le mieux possible. Désormais, si l'objectif sera le maintien en vie du patient, il passera par la mort, celle des cellules tueuses.

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