vendredi 2 mars 2012

anorexie et boulimie

L'anorexie est un mal principalement féminin puisque pour un homme pris en charge, on trouve en général une quinzaine de femmes. Pour être exacte je devrais même écrire que pour un adolescent, on trouve une quinzaine d'adolescentes, de plus en plus jeunes. Le témoignage ci-après n'en a donc que plus de valeur, d'autant que l'homme adulte qui s'exprime est passé par ces phases où boulimie et anorexie cohabitaient, avant d'en sortir**.

Il raconte comment il a plongé:
" Tout s'est déclenché à 14 ans. Mes relations étaient très difficiles avec mes parents. J'ai ressenti énormément de tristesse à cet âge-là, la mort me faisait peur, je me suis renfermé, je ne mangeais plus, ma croissance s'est bloquée. Mes parents m'ont hospitalisé. J'ai pris peur et je me suis mis à manger beaucoup."
De plus en plus profond:
" Petit à petit, j'ai découvert que les vomissements me mettaient en état de grâce et je suis tombé dans la bouffe comme dans la came dure (...) À 25 ans, je mangeais, je vomissais jusqu'à trouver le shoot idéal. J'ai vécu des années comme ça..."

Et puis il a commencé à remonter:
"C'est grâce à mon meilleur ami que j'ai pu rencontrer (...) des membres des Anorexiques et boulimiques anonymes. Avec eux, j'ai trouvé les miens. J'ai été accueilli et pas jugé. On m'a dit « Essaye » au lieu de « Il faut », ça change tout."
De plus en plus haut:
"Depuis octobre 2007, je suis « sobre », j'ai un rapport apaisé avec la nourriture (...) J'ai fait mon chemin, épaulé par ceux du groupe que je peux appeler librement. Parfois, il m'arrivait de laisser une miette de côté. Cela peut paraître ridicule peut-être mais j'avais réussi à ne pas la manger... On m'a toujours encouragé. (...) Aujourd'hui, je me sens bien mais fatigué. J'ai une maison, je suis salarié dans une entreprise de transports routiers. Et je voudrais surtout dire qu'on peut redevenir libre, qu'on peut se sortir de la nourriture défonce. »

* Pour illustrer ce billet, plutôt que ces images affreuses où l'on croit voir des prisonnières venant de quitter un camp de concentration alors qu'en réalité beaucoup d'entre elles sont des mannequins qui s'exhibent dans le cadre d'un défilé de haute couture, un simple dessin relativement "soft"
** J'aimerais bien savoir ce que sont devenu les jeunes mannequins ci-dessus, d'autant qu'à ma connaissance, mis à part l'Espagne, aucun pays n'a exigé des organisateurs de telles manifestations que leurs modèles aient un IMC supérieur à 18 (alors même qu'un IMC normal va de 19 à 24!)

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