jeudi 7 novembre 2013

"L'étranger" de Camus selon Jacques Ferrandez

Du roman d'Albert Camus, lu durant les années lycée, je ne gardais que peu de souvenirs, juste les grandes lignes de l'histoire: un homme qui un jour de grand soleil en tue un autre et sera condamné à mort pour cela. Et puis il y avait l'introduction et la conclusion du roman qui m'avaient beaucoup impressionnée.
Grâce soit donc rendue à Jacques Ferrandez de m'avoir donné envie de relire le livre qu'il a semble t il mis en images de façon magistrale, de la première à la dernière case.
Il y a donc le début, si sec: "Aujourd'hui Maman est morte... ou peut-être est ce hier, je ne sais pas...J'ai reçu un télégramme de l'asile. Mère décédée. Enterrement demain. Sentiments distingués. ça ne veut rien dire. C'était peut-être hier". Le ton employé est étrange... comme si l'étranger du roman n'était finalement pas celui auquel on a initialement pensé.
Et la fin, où il repense à sa mère. "Si près de la mort, Maman devait s'y sentir libérée et prête à revivre. Personne n'avait le droit de pleurer sur elle. Et moi aussi, je me sens prêt à tout revivre... De l'éprouver si pareil à moi; si fraternel enfin, je sens que j'ai été heureux, et que je le suis encore. Pour que tout soit consommé, pour que je me sente moins seul, il me reste à souhaiter qu'il y ait beaucoup de spectateurs le jour de mon exécution... et qu'ils m'accueillent avec des cris de haine."
Entretemps il y aura eu la vie au jour le jour, avant et après la scène du meurtre, 4 pages sans le moindre mot.  
 
Dans la BD on suit donc cet homme qui est vraiment "étrange" au point de discuter ainsi avec sa fiancée: 
"Tu voudrais te marier avec moi?
- ça m'est égal, mais on pourrait si tu veux
- tu m'aimes?
- ça ne signifie rien. Mais je ne t'aime sans doute pas
- pourquoi m'épouser alors?
- cela n'a aucune importance. mais si tu le désires, nous pouvons nous marier.."
Un homme passif qui suit les événements en y étant comme absent: même lorsque le juge d'instruction brandit devant ses yeux un crucifix en s'exclamant incrédule: "les criminels qui sont venus devant moi ont toujours pleuré devant cette image de la douleur" avant de le chasser de son bureau avec ces mots: "c'est fini pour aujourd'hui monsieur l'antéchrist". Un homme "étrange", passif, comme endormi, qui ne se "réveillera" qu'une seule fois, contre l’aumônier venu essayer de lui faire croire en Dieu, lui qui accusé de meurtre a fini par comprendre qu'il va être exécuté non pas pour ce meurtre mais, d'une certaine manière, parce qu'il n'a pleuré à l'enterrement de sa mère.
Une BD à lire et un roman à relire. 

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