Moi non! Enfin, je ne le connaissais pas au delà du fait qu'il était régulièrement mentionné par un homme amateur de poésie qui le citait souvent lorsqu'il parlait du Surréalisme et/ou d'André Breton. Et il n'existe en outre aucune place, rue, ruelle ou impasse de ce nom à Nantes. Alors quand la presse locale a parlé de lui à l'occasion du 95ème anniversaire de sa mort, j'ai cherché à en savoir plus sur lui.
C'est un homme de l'Ouest puisque né à Lorient (en 1895) et mort ... à Nantes (le 6 janvier 1919) dans l'un des vieux grands hôtels de Nantes*, l'Hôtel de France (qui donne place Graslin) d'une overdose ... d'opium. Et oui, à cette époque, l'opium ne circulait pas qu'en extrême Orient!
En principe, l'homme aurait du être oublié aussi vite que ce qui ressemblait fort à un fait-divers, un tantinet sulfureux puisque Jacques Vaché avait été découvert nu en compagnie d'un autre homme qui avait lui aussi succombé. D'ailleurs, probablement pour préserver l'honneur des familles, il n'était fait mention dans l'article que des prénoms et de l'initiale du nom des victimes qui étaient présentées comme de "jeunes écervelés" sans
expérience de la drogue mais aussi "de braves soldats qui
avaient fait leur devoir devant l'ennemi et avaient été blessés"
Seulement voilà, trois ans plus tôt, quelques mois après avoir été blessé au front, il fait la connaissance d'André Breton qui était alors affecté comme interne en médecine à l'hôpital militaire de Nantes. Ce dernier avait aussitôt été séduit par l'attitude de ce « jeune homme très élégant, aux cheveux roux », qui lui avait fait connaître Alfred Jarry, opposait à tous la « désertion à l'intérieur de soi-même » et n'obéissait qu'à une loi, « l'umour (sans h) ». Alors lorsqu'il aura connaissance du décès de son ami, il envisagera d'abord un assassinat avant de considérer que son ami s'est suicidé!
Les choses auraient pu en rester là, d'autant que les oeuvres de Jacques Vaché, mort à 23 ans, sont rares**. Et pourtant son nom est très connu de ceux et celles qui apprécient le sur-réalisme. Probablement à cause de ce qu'a écrit André Breton dans la préface des « Lettres de guerre »
écrites par Jacques Vaché qu'il a fait publier dès l'été 1919: "...une merveilleuse introduction à tout ce que recouvre […] l'étiquette Dada […]. Il y a là tous les manifestes qu'on voudra, pas une négation ne manque […] »
* Aujourd'hui fermé pour travaux, depuis plusieurs mois et pour plusieurs mois encore.
** "En route, mauvaise troupe" (journal du lycée écrit avec 3 autres personnes) "Lettres de guerre", "Soixante-dix-neuf Lettres de guerre", "Quarante-trois Lettres de guerre à Jeanne Derrien", "Le Sanglant symbole" (nouvelle signée Jean-Michel Strogoff) "Les Solennels" (avec Jean Sarment)
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