mercredi 22 janvier 2014

"The lunch-box" de Ritesh Batra

Savez-vous ce que sont les «Dabbawallahs»? Moi non, du moins jusqu'au jour où, probablement à l'occasion du festival de Cannes, un article du journal "le Monde" avait été consacré à ce service de portage de repas qui fonctionne à Bombay. 
Comment ça marche? Vous prenez le principe de la boîte Bento japonaise qui est préparée chaque matin par Mme pour son mari et son/ses enfant(s) et qu'ils emmènent avec eux en quittant la maison... et vous le rendez plus complexe. En effet c'est une entreprise qui envoie un coursier récupérer la "lunch-box" auprès de la mère de famille*, lequel coursier l'ajoute aux autres boites collectées avant de se rendre à un point de rassemblement où elle sera re-dispatchée en fonction de son lieu de distribution final... et livrée par un autre coursier. Même chose en fin de journée quand la gamelle vide repart chez Mme via deux coursiers et non par l'entremise de M.
L'aspect extraordinaire de la chose, c'est qu'alors même que des milliers de boites circulent et que la plupart des coursiers sont illettrés, les boites arrivent à destination. Enfin, sauf dans ce film où c'est un veuf qui va bientôt prendre sa retraite qui reçoit la délicieuse "Lunch Box" confectionnée par une jeune mère de famille laquelle espère retrouver les faveurs de son mari qui la délaisse. Le veuf et la mère de famille s'aperçoivent vite de l'erreur mais ne font rien pour la rectifier, bien au contraire, ils profitent d'elle pour commencer à échanger des lettres, de plus en plus personnelles, l'un comme l'autre étant assez solitaire.
Un beau film dont je ne raconterai pas la fin du film, un peu triste. Je dirai juste ceci, ne vous attendez pas à un "Happy End" à l'occidentale du genre: "Ils se marièrent et ils eurent beaucoup d'enfants". Non, nous sommes en Inde où les choses ne sont pas aussi simples qu'en Occident, notamment par rapport à ce qui a trait à la famille, à la place de la femme dans la société, dans sa famille et sa belle-famille...
Je mentionnerai juste deux scènes: 
- celle où triant le linge sale en fonction notamment de son odeur, la jeune femme remarque une senteur différente sur une des chemises de son mari et comprend alors pourquoi il rentre de plus en plus souvent tard le soir et pourquoi ses efforts pour le séduire via de bons petits plats sont vains.  Mais le soir elle ne lui dit rien. 
- celle où le retraité lui raconte par écrit pourquoi il est allé au rendez-vous qu'elle lui a fixé dans un restaurant mais ne s'est pas fait reconnaître, l'a juste regardée l'attendre. Le matin en finissant de se préparer il lui avait semblé sentir l'odeur de son grand-père dans la salle de bain... avant de s'apercevoir que c'était lui qui avait vieilli sans s'en rendre compte, impression confirmée dans le train** où un jeune lui cède sa place pour qu'il puisse être assis. Et il s'est senti trop vieux auprès d'elle si jeune et jolie.
Un film lent et délicat pour lequel je n'ai eu qu'un seul regret, ne pas pouvoir goûter ce qu'elle préparait parce que ça semblait sentir très bon et être délicieux!
* A noter que les célibataires peuvent confier la confection de leur repas à un petit restaurant.
** Les trains sont bondés matin et soir. Quasiment le métro de Paris à l'heure de pointe, mais en pire!

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