jeudi 31 juillet 2008

Entre le Blade Runner et le Réplicant, qui est le plus humain?

Ce film, pourtant sorti en 1982, je ne me rappelle pas l'avoir vu sur grand écran. Donc sa première vision doit être postérieure à début 1987, date de l'acquisition d'une télévision que je ne regarde désormais plus guère. Elle correspond à la version où l'on entend, en off, la voix d'Harrison Ford commenter l'action, et diffère donc de celle qui m'a été offerte quelques années plus tard en format VHS (et dont le réalisateur gardera le principe lors des sorties en DVD) que que je n'ai quasiment jamais regardé. De peur d'être déçue? Plus que jamais il s'agit donc d'impressions... J'ai beaucoup aimé ce film pour l'ambiance cosmopolite de Los Angeles où se passe l'action, pour cette histoire très particulière qui tourne autour de la différence Homme/Robot (thème récurent chez Philip K. Dick dont j'ai lu pas mal de nouvelles après avoir vu ce film), la musique de Vangelis, Harrison Ford (qui n'était pas encore tombé dans ce travers de beaucoup d'acteurs qui ne savent pas se renouveler) et une actrice qui jouait le rôle de Rachel et que je trouvais très belle: Sean Young. Trois scènes m'ont particulièrement marquée. * La première rencontre entre Rachel et Deckard, venu enquêter dans l'entreprise qui fabrique les répliquants que lui, « Blade Runner » doit « effacer ». Il est déjà très attiré par elle alors même qu'il va comprendre petit à petit qu'elle est aussi un réplicant et qu'il lui sera probablement demandé de la tuer. * La seconde scène a lieu dans l'appartement de Deckard où Rachel l'a suivi . Elle a à la fois très peur et envie de savoir la vérité qu'elle devine: elle est un réplicant . Plus que la scène où lorsqu'elle veut s'enfuir, où il la rattrape et l'embrasse, j'aime le moment où lui s'étant endormi, elle explore son appartement.

Après avoir remarqué toute une série de vieilles photos sur un piano, extrait une partition, deviné que parmi les souvenirs que son «créateur » lui a été implantés en guise de mémoire, elle savait jouer du piano et commence à le faire après avoir dénoué ses cheveux.

* La dernière scène concerne Rutger Hauer. C'est lui le dernier réplicant encore vivant (Rachel étant mise à part). Après avoir poursuivi Deckard dans une lutte finale dans cet immense appartement situé dans un immeuble déserté par ses habitants, il va lui finalement lui sauver la vie. Alors que Deckard est suspendu au dessus du vide par sa seule main encore valide, il le hisse à côté de lui sur la terrasse de l'immeuble et lui parle. Il sait qu'il va mourir car les sentiments qu'il a éprouvés en tant que réplicant (alors qu'il n'est pas programmé pour) ont d'autant raccourci sa vie. Et il ne veut pas être seul à ce moment là. La pluie qui tombe se mêle aux larmes de douleur de Deckard dont l'une des mains a été brisée dans la lutte et à celles du répliquant.Ce dernier avant de mourir après avoir laissé s'envoler une colombe décrit la beauté des univers où il est allé et qu'il ne reverra jamais. Qui est finalement le plus humain : - le « Blade Runner » qui gagnait sa vie en tuant, apparemment jusque là sans aucun état d’âme, des « réplicants » - le « Réplicant» qui, durant ce court laps de temps qui lui est donné de vivre (4 à 5 ans, sachant que les émotions qu’il peut éprouver raccourcissent d’autant le temps qui lui est octroyé) cherche à comprendre le sens de la vie que lui ont donnée les terriens ?

9 commentaires:

Anonyme a dit…

Question difficile que celle qui interroge notre humanité. Entre les folies de l’espérance, les désirs obscurs et tenaces de durer et cette expérience quotidienne de ce que nous sommes dans notre rapport au monde, parfois tremble le cœur et vacille la raison.

Saurons nous devenir des petits de l’homme et de la femme, là est la question.

Anonyme a dit…

@nn@, il faut absolument voir Blade Runner au cinéma. Ridley Scott a imaginé un monde en demi teintes qui passe très mal sur petit écran. Certains se sont d'ailleurs dit qu'il l'avait fait exprès, pour décourager la vision sur télé. J'adore ce film, vu puis revu à de nombreuses reprises. J'avais hésité à y aller car j'étais déjà depuis quelques années un fan de P K Dick quand le film est sorti. Mais je n'ai pas été déçu. Je tiens tout de même à signaler que le vrai titre du roman est "Les androïdes rêvent ils de moutons électriques" . Et que la sortie du film a permis à P K Dick de connaître enfin la célébrité, quelques mois avant sa mort.

@nn@ L. a dit…

Ganesh,
je connaissais ces deux anecdotes * au sujet de "Blade Runner"
pour la 1ère il convient d'ajouter que les re-éditions du livre portent désormais le titre de "Blade Runner". Dommage car l'ancien avait un petit côté un peu zarb' et poétique à la fois
* lui, à la différence de Van Gogh , n'a pas eu à attendre d'être mort pour être reconnu... Même si il aurait été souhaitable qu'il le soit plus tôt. Peut-être cela aurait-il contribué à ce qu'il écrive moins, pour sur-vivre, sous l'influence de certaines substances pas géniales pour la santé...

Anonyme a dit…

Il existe deux copies neuves de la version "Final Cut" de Ridley Scott en France, dont une qui doit circuler dans les ciné Utopia, là où je l'ai vu récemment, à Toulouse. J'y suis allé rien que pour le voir une fois au mois sur grand écran, et rien que le plan d'introduction, au-dessus d'un L.A. plongé dans la grissaille permanente, est un régal.

Alors que j'ai écrit de manière coïncidente un récent billet sur l'anthropomorphisme des robots au cinéma, il faut se poser la question de la perception de ce qu'est un réplicant pour ne pas juger hativement le Blade Runner de tueur. Dans ses précédentes missions, et dans son esprit, il ne tue pas. Le terme est d'ailleurs clairement défini au début du film : il procède à un "retrait". De la même façon qu'on jète un robot-mixeur ou une télé (alors qu'on peut passer plus de temps avec celle-ci qu'avec sa femme! ;o)), il n'y a pas a verser une larme, ou à être accuser de tueur.
C'est là où l'anthropomorphisme projeté sur les robots est vicieux. Ceci dit, il est clair que le cas des Nexus 6, et surtout de Roy, a de quoi chambouler les certitude de Deckard. D'ailleurs, la version avec la voix-off nous l'indiquait à la fin, Deckard révise son jugement à la constatation qu'une machine peut voir toute la valeur d'une vie...

Que penser aussi de Deckart qui tombe malgré tout amoureux d'une machine? Une machine perfectionnée, certes, pratiquement indiscernable d'un véritable humain (Deckard doit pousser le test de Voight-Kampff assez loin...), mais une machine tout de même. En lui même, il le sait, mais son coté humain, contrôlé par ses émotions, passe par delà cette idée et s'éprend de Rachel.

Bref, un film (et un bouquin que je suis en train de lire) d'une qualité certaine, avec des scènes, comme décrites dans votre billet, inoubliables.

@nn@ L. a dit…

Voir "Blade Runner" sur grand écran... il me faudra attendre car il ne passe actuellement dans aucube salle en France. Pas de regret donc à avoir quant à l'absence de salles de type Utopia (ici on est plutôt sur les terres du réseau breton SOREDIC)

Deckard tueur? SI! Je persiste à le penser à partir du moment où l'on accepte le postulat que les robots ont une part d'humanité, Deckard est un tueur de type chasseur de primes et non quelqu'un qui au titre d'une sorte de service après-vente retire du matos défecteux

Avant même Roy, c'esr Rachel qui introduit le doute chez Deckard :-) Et vu l'actrice il y a de quoi...

Dans le même registre Homme tombant amoureux d'un Robot, avez-vous lu cette série de mangas intitulée "Chobits" (prononcez Tchow- bitttsss) http://www.hyjoo.com/sujet-12358.html
que m'a fait connaître ma fille de 15ans?
Bon d'accord malgré un début qui m'a fait nourrir quelques craintes (vu la localisation de la touche On/Off de l'androïde) ça reste une série de type Shojo et pas du tout Seinen (si ça ne vous dire rien Wikipedia vous expliquera très bien la différence)

Il y aurait eu bien d'autres scènes que j'aurais aimé décrire, mais à moins de dénaturer la nature même des billets sur un blog... il faut se raisonner

Anonyme a dit…

"Deckard tueur? SI! Je persiste à le penser à partir du moment où l'on accepte le postulat que les robots ont une part d'humanité, Deckard est un tueur de type chasseur de primes et non quelqu'un qui au titre d'une sorte de service après-vente retire du matos défecteux"

Oui mais justement, dans le film en tout cas, dans sa vie précédent le film, Deckard ne s'est jamais posé la question. Pour lui tout est clair. "Replicants are like any other machine. They're either a benefit or a hazard. If they're a benefit, it's not my problem" En clair, son job depuis des années c'est faire le service après-vente. C'est effectivement Rachel qui lui montre que la frontière est dépassée, mais Rachel est présentée comme un modèle unique, un modèle auquel on a greffé des souvenirs humains. Ce sera finalement Roy qui lui ouvrira les yeux definitivement, il n'aura eu qu'un contact finalement assez bref avec les autres répliquants.
Et à la fin, il disparait avec Rachel, abandonnant son job de "tueur" qu'il est devenu non pas par son action, mais par l'évolution de ses cibles...

@nn@ L. a dit…

Exact, avant le début du film, Deckard se positionne effectivement comme un intervenant de type "service après-vente"... tout particulièrement désabusé après un certain temps sans emploi...

Roy a lui aussi des souvenirs humains, rappelez-vous la partie d'échecs avec son créateur, d'abord au téléphone 'via le "jeune" ingénieur, puis en réel.

Quant aux différentes fins du film, connaissez-vous celle avec juste Deckard qui au moment de fuir avec Rachel ramasse par terre devant la porte de son appartement un origami en forme de licorne?

Anonyme a dit…

Je me rappelle avoir vu, il y a longtemps, la version "hollywood" de Blade Runner, avec justement oui à la fin l'origami mais surtout la scène de voiture sur une route de campagne, avec du soleil, la seule fois où on voit le soleil et de la verdure, avec Desckard et Rachel à bord de la voiture.

La version Final Cut contient aussi l'origami-licorne, mais s'arrête lors de la fermeture de la porte de l'ascenseur, laissant le spectateur se poser la question de la signification de ces différents origamis confectionnés par l'énigmatique flic.
La licorne ferait directement référence au "rêve" que fait Deckard dans son appartement, où l'on voit effectivement une licorne... Comment le flic peut-il connaitre ce rêve? Tout le mystère de la version ciné de Blade Runner et la question de son appartenance aux répliquants est là... ;o)))
Encore un grand débat, non?

@nn@ L. a dit…

La licorne... un animal particulièrement riche en symboles... et on peut faire confiance à Ridley Scott pour les avoir connus.

J'avais oublié que Deckard avait rêvé d'une licorne... Pur hasard, rêve prémonitoire ou partagerait-il un certain nombre de souvenirs avec le flic amateur d'origamis particulièrement froid et détaché, auquel cas...