vendredi 24 juillet 2009

Der Vorleser / Le liseur / The reader

Bientôt 10 jours que je l'ai vu et toujours autant de mal à écrire à son sujet...
Non pas que le film m'ait déplu mais peut-être parce que cela implique d'aller au delà qui a déjà été dit au sujet du film en lui même et de son adaptation du roman de Bernhard Schlink.

Pour ceux qui ont aimé le livre, il y a des choses qui sont bien retranscrites: l'éveil à la sexualité d'un jeune homme par une femme plus âgée (et comment celle-ci influencera à jamais sa vie d'homme) et le regard critique qu'ont pu avoir les jeunes allemands quant à l'attitude de leurs parents au moment de la deuxième guerre mondiale.

Par contre, quoiqu'aient pu écrire les critiques, il y a des changements, que certains considéreront comme des détails, qui ont été introduits et qui me gênent.

Ainsi, celui qui accompagne les questionnements de Mickaël, ce n'est pas son professeur de droit pénal mais son propre père, un professeur de philosophie avec lequel il entretient de relations étranges (voir l'extrait ci-dessous).
Et du coup on part sur des questionnements quant à l'individu face à l'Histoire et qui tournent autour de "Comment peut-on basculer du stade de spectateur passif à acteur? Comment revenir à la vie "normale" ensuite? Comment peut-on aimer de telles personnes?..." alors qu'il s'agissait d'abord un problème de morale.

Dans le livre, c'est son père qui donne à Mickaël la réponse à la question qu'il lui a posée de manière détournée: "Dois-je faire savoir que Hanna Schmitz, qui risque fort d'être lourdement condamnée, a parfois agi juste poussée par la honte d'être illettrée et le refus que cela se sache."
Le philosophe lui répondra: "Nous (...) parlons de dignité et de liberté" avant d'ajouter: "Si l'on sait ce qui est bon pour l'autre et qu'il refuse de le voir, on doit essayer de lui ouvrir les yeux. On doit lui laisser le dernier mot, mais on doit lui parler, à lui , et non à quelqu'un d'autre derrière son dos"

Dans le livre, contrairement au film, Mickaël n'essaiera même pas de rencontrer Hanna au moment du procès. Des années plus tard, il lui lira de nouveau des livres, facilitant ainsi son apprentissage de la lecture et de l'écriture, il organisera aussi sa sortie de prison. Mais jamais il ne lui écrira, ce dont elle souffrira beaucoup, au point de préférer la mort au retour à la liberté. Et la seule fois et unique fois où il se rendra sur sa tombe, contrairement au film, il sera seul, avec juste en poche la lettre de remerciements de Jewish League Against Illeteracy.

"Je décidais de parler à mon père. Non que nous ayons été tellement proches l'un de l'autre. Mon père était renfermé, incapable d'exprimer ses sentiments devant ses enfants et ne sachant que faire des sentiments que nous lui manifestions. (...) Peut-être que comme adolescent ou jeune homme il avait été plein de sentiment et qu'au fil des années, faute de les exprimer, il les avait laissé dépérir et se dessécher. Mais c'est précisément à cause de cette distance entre nous que je voulus avoir une conversation avec lui. Je voulais parler au philosophe auteur d'ouvrages sur Kant et sur Hegel, qui je le savais s'étaient occupés de questions morales"

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