dimanche 26 février 2012

Le lapin du marin et autres superstitions

On peut être marin, grande gueu** (enfin quand on est du genre Olivier de K. parce que je doute qu'il en soit de même pour Titouan L.) et être superstitieux comme une midinette que la vue d'un chat noir ou d'une échelle posée sur un mur fait fuir. La preuve avec quelques exemples tirés d'un article paru dans le journal "Le Monde"... peut-être en prévision du départ de la course "la solidaire du chocolat"*

L'un des plus anciens tabous dont la terrienne que je suis a eu connaissance, c'est celui relatif à la "bête aux grandes oreilles" que certains osent parfois appeler le "cousin du lièvre": le lapin!
Il faut remonter au temps de la navigation à voile pour comprendre l'origine de ce mot tabou. Et oui, les bestioles embarquées à bord afin de fournir aux marins de la chair fraîche au fur et à mesure du voyage avaient un peu trop tendance à boulotter tout ce qui leur tombait sous la dent, notamment lorsque leurs provisions à eux étaient finies. Et une fois la cage grignotée, le lapin évadé s'attaquait au chanvre des cordages... gênant... mais, plus grave encore, à celui qui servait à colmater les espaces entre les planches de la coque. Très gênant ça, surtout quand on est à des miles et des miles de toute côte...

Autre refus que je connaissais aussi via une amie férue de navigation et qui rêvait d'entrer dans la marine: celui de la présence d'une femme à bord.
Non, même si certaines ont les dents longues, elles ne s'attaquaient pas aux chanvre des cordages. C'était tout simplement que les voyages étaient longs, très longs et avec des équipages exclusivement masculins dont la libido ne s'éteignait pas au seul motif qu'ils étaient en pleine mer. En ces temps là, ainsi que le rappelle François Bourgeon dans sa série "les passagers du vent", il ne faisait pas bon être un jeune mousse sur certains bateaux.

Autres craintes:
- celle relative à la bouteille de champagne qui doit se briser lors du baptême du bateau, ceci afin d'éloigner le mauvais sort. Une tradition qui remonte à l'antiquité, une époque où c'est le sang d'une victime sacrifiée qui était étalée sur la coque. De nos jours, on est plus "soft". Il n'en demeure pas moins que les plus prudents scient un peu le verre pour fragiliser la bouteille et/ou entraînent le futur parrain ou marraine à avoir le bon geste efficace.
- les deux dernières appréhensions sont à rattacher à la religion chrétienne puisqu'elles concernent le refus des équipages à 13 ou des mises à l'eau un vendredi, deux choses qui renvoient au vendredi saint et à la mort du Christ.

* "La solidaire du chocolat", dont la 1ère édition a eu lieu à l'automne 2009, est une transat qui relie St-Nazaire à Progreso dans la province du Yucatan (Mexique). En 2012, départ le 11 mars
Principe de la course: Un bateau, deux marins, une association soutenant une oeuvre d'intérêt général et une entreprise mécène = un projet labellisé « Solidaire du Chocolat » financé à hauteur de 25 000 euros TTC.

3 commentaires:

caphadock a dit…

Ces croyances étaient paradoxales car au sujet du lapin il faut savoir que lorsque les rats, aussi rongeurs que les lapins, quittaient le bateau c'était mauvais présage
D'autre part les deux cordes sur un voilier hauturier étaient celle pour actionner la cloche et appeler à manger et l'autre servait à pendre haut et court les pirates

Marc a dit…

Très intéressant comme blog... Je suis content de l'avoir découvert par l'intermédiaire des chats!

@nn@ L. a dit…

* D'où l'expression bien connue Caphadock pour signaler qu'une situation est grave, une cause perdue: "quand les rats quittent le navire..."
* Merci Marc. Si j'ai lu quelques uns de vos billets à la réception de votre commentaire, je dois avouer que depuis lors, je n'ai guère pris le temps de recommencer. Mais tout espoir n'est pas perdu :-)