samedi 25 février 2012

Trajectoires (2)

30 ans. Cela a fait 30 ans en décembre dernier que je l'ai vu pour la dernière fois à l'occasion d'un déjeuner où il m'avait invitée avec une amie commune... en me jurant, une fois celui-ci achevé, qu'à défaut de l'oublier, je ferais tout pour ne jamais le revoir, alors même qu'il avait beaucoup compté pour moi durant mes années "fac".
Et puis le temps a passé et je ne l'ai effectivement pas oublié. J'ai même récemment retrouvé sa trace et pu mesurer à quel point hommes et femmes sont inégaux une fois entrés dans la vie professionnelle.

Pas vraiment passionné par les études et désireux de gagner sa vie, il avait passé très tôt les concours de la fonction publique et avait commencé à travailler durant son année de licence comme cadre B* dans un Ministère proche de celui qui serait le mien jusqu'en juillet dernier. J'avais préféré suivre les cours jusqu'à la fin de l'année et intégrer une école qui préparait aux concours de la fonction publique, avant de commencer à travailler comme cadre A*, près de deux ans après lui.

L'été dernier, à 53 ans, j'ai fini ma carrière comme je l'avais commencée: simple inspectrice de 2ème classe, même pas au dernier échelon. Lui, je viens de découvrir qu'il a grimpé progressivement les échelons au point d'être désormais devenu, à 56 ans, ce qui, avant les différentes réformes dans la fonction publique, correspondait au grade de directeur départemental.

Certes l'Administration où je travaillais était beaucoup plus féminisée que celle où il exerçait et le taux de féminisation y diminuait de façon notoire lorsqu'on s'approchait de l'équipe de direction. Certes j'ai choisi de prendre un congé parental de 18 mois, de travailler plus de 15 ans à temps partiel, de ne pas passer les examens internes pour ne pas devoir partir au loin et laisser les enfants à la charge de leur père qui lui passait d'autres concours, changeait de voie...

Alors, certains soirs je me dis que trop souvent on (le conjoint, les enfants, la famille élargie, les ami(e)s, les collègues...) demande implicitement aux femmes de privilégier la famille au travail. Et je ne suis pas certaine que ce soit toujours un bon choix.

* en France, les concours de cadre B sont théoriquement accessibles avec un baccalauréat, ceux de cadre A avec une licence. En réalité depuis quelques années, les personnes recrutées sont beaucoup plus diplômées que ce que prévoit le concours d'entrée

2 commentaires:

Euterpe a dit…

C'est surtout ce que l'on appelle le plafond de verre.

@nn@ L. a dit…

J'avais vaguement entendu cette expression Euterpe et du coup je suis allée voir de manière plus approfondie ce à quoi elle renvoyait.
C'est tout à fait ça