mercredi 19 novembre 2008

histoires de familles de sang ou de coeur (2-1)

Dans "Brodeuses" Claire apprenait à devenir mère dans son corps mais aussi et surtout dans son coeur, et Mme Maloukian à devenir une grand-mère de substitution. Dans "La petite charteuse" la maman de Eva qui n'est en réalité jamais devenue mère dans sa tête demande à Vollard... Mais il faut commencer par le commencement.
Au départ il y a un livre qui est devenu un film.
Soit l'histoire de Etienne Vollard, un libraire passionné de montagne et doué d'une mémoire hors du commun, qui mène une existence solitaire jusqu'au jour où il renverse accidentellement Eva, une fillette de huit ans.Aux côtés de Eva qui est d'abord dans le coma avant d'en émerger, mutique, et alors que Pascale, la jeune mère de Eva, est incapable de faire face, Etienne Vollard, le " raconteur d'histoires » va devenir père et mère de substitution.
Etienne Vollard, c'est Olivier Gourmet: au physique une sorte de gros ours pataud très ordinaire qui devient beau tant se dégagent de lui force, fragilité... et humanité.
Chronologiquement, il y a d'abord cette scène où, insomniaque, il essaie de s'endormir en cherchant à oublier, via la lecture de toujours plus de livres nouveaux, ceux lus autrefois et dont des passages entiers le hantent puisqu'il ne peut les oublier...
Après avoir renversé Eva, il y aura sa course folle en montagne, rongé par la responsabilité (alors qu'il ne pouvait pas éviter de renverser Eva) mais aussi par une douleur beaucoup plus ancienne que l'on devine cachée au fond de lui.
Cette douleur, il va essayer de l'extirper via un saut à l'élastique au cours duquel, à la différence des autres jeunes qui l'effectuent, il n'arrivera pas à crier, à exprimer ce qu'il ressent via un cri libérateur. Car là est le problème de Etienne Vollard: son incapacité à exprimer ses sentiments et qui, poussé à l'extrême, l'empêche même de pleurer alors que l'on sent que tout son être est plein de larmes.
En fait, il n'arrivera enfin à pleurer qu'après avoir enlevé Eva, de nouveau plongée dans le coma, et l'avoir emmenée dans la neige, tout en haut de la montagne.
Dans le conte « la reine des neiges » dont il avait récité des passages à Eva, l'héroïne sauvait le garçon qu'elle aimait en pleurant au dessus de son coeur (faisant fondre le morceau de glace qui le retenait prisonnier). Etienne Vollard lui va pleurer... et mourir de froid en (re) donnant la vie à Eva qui, émergeant contre toute attente du coma sera sauvée par un hélicoptère parti à leur recherche.

8 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est un régal de découvrir tes fiches de lectures et de film
Que je découvre bien souvent
J'admire (sans forfanterie)!!!! l'enchaînement de ta pensée .je synthétise trop pour ma part allant à l'essentiel comme en peinture d'ailleurs , cela pourtant me fascine le déploiement de la phrase et ma "tasse de thé "" c'est Proust .... vous vs en doutiez!, comme quoi les extrèmes
s'attirent
Merci Anna
Amitiés du jour AA

Anonyme a dit…

TU VOUS je crois dans mon élan avoir tout mélangé : désolée AA

Anonyme a dit…

Touché ! Ce film, @nn@, est bouleversant : OLivier Gourmet est "énorme" ! Le personnage qu'il interprète parait si rustre, mais avec un coeur gros comme ça ! Sa relation avec cette enfant entre la vie et la mort est très forte : j'en suis encore tout ému rien que d'en parler !
PS : que je l'envie de pouvoir retenir tant de choses de ses lectures !

Anonyme a dit…

Je n'ai pas vu le film mais j'ai été terriblement émue par le livre...

cailloublanc a dit…

Ouh la la! que de livres à lire! Que de films à voir grâce à vous! Merci! Merci! Merci!
Gene

@nn@ L. a dit…

* Arlette, pour des raisons de ligne (non, pas éditoriale ;-) je choisirai le thé plutôt que les madeleines ;-) d'autant plus que, j'ose l'avouer, je n'ai jamais réussi à ce jour (malgré plusieurs tentatives) à finir de lire le moindre volume de Proust

Tu/Vous... l'essentiel est d'être à l'aise. Pendant des années j'ai été très "tu" jusqu'à ce que quelqu'un me fasse comprendre les charmes du "vous". Mais je n'en écrirai pas plus

* Ah Malausen, Olivier Gourmet... un de ces acteurs au physique très ordinaire mais qui cachent des trésors d'interprétation.
J'irai probablement voir "Home" juste à cause de lui.

Après avoir lu les notes en bas du billet de demain, je ne pense pas que le souhait d'avoir l'extraordinaire mémoire de Vollard sera aussi fort...

* Chut Myosotis, voulez-vous bien ne pas dévoiler à l'avance le thème du billet à venir!!!

* Problème, non problèmeS Gene, il y a quelques années j'ai pas mal lu, puis j'ai, les enfants ayant grandi, j'ai essayé de refréquenter les salles de cinéma mais maintenant pour l'un et l'autre ça coince un peu, notamment parce que "...un chat..." est une petite bête très gourmande de temps!

Anonyme a dit…

C'est vrai ! le: Vous garde une certaine retenue des sentiments et je le pratique souvent , par contre d'autres Tu arrivent sans réfléchir dans un travail commun
Bonne nuit à venir chère Anna
AA

@nn@ L. a dit…

Exact avec en plus toute une palette de "nuances" qui peuvent être introduites lorsque le correspondant est d'un sexe opposé au vôtre (sourire)

Pour le "bonne nuit", don de prémonition??? Parce que fatiguée par quelques nuits trop courtes, je me suis endormie en pleine séance de surf sur le net (rires)