vendredi 28 novembre 2008

... sur les chemins de Bretagne (2)

En remontant du Guilvinec vers Châteaulin, faute de temps, il n'y a eu d'arrêt ni à Quimper (qui vaut plus qu'une pause de quelques heures) ni de détour vers la pointe du raz et surtout la baie de Trépassés dont le nom autrefois, même sans avoir lu le moindre récit de naufrage, avait de quoi effrayer plus d'un enfant.

Non, l'objectif, c'était la presqu'île qui sur les cartes de France a une forme de croix: la presqu'île de Crozon.

Mais sur la route qui y menait, le contraste flagrant entre cette petite esplanade devant une grosse chapelle plus qu'une église avec, en arrière plan, une colline dénudée, comme ravagée par le feu ainsi que cela arrive dans le Sud, ne pouvait qu'inciter à s'arrêter.

Compte tenu de la difficulté de travailler la pierre de granit, il est difficile, même pour un non croyant, de ne pas rester en admiration devant ce calvaire qui constitue l'un des éléments de ce qui aurait sans doute été classé comme enclos paroissial s'il avait été complet.

Par comparaison, certaines sculptures de la facade paraissaient sobres et presque.

De plus en plus d'églises sont fermées en dehors des offices, mais pas celle-là! Et il fut d'aurtant plus agréable d'en pousser la porte que soufflait au dehors un inhabituel et fort désagréable vent du nord-est.

Un fois la porte refermée, ce fût le silence paisible qui y régnait qui m'impressionnat en premier. Ce genre de silence qui, croyant ou non croyant, vous invite à arrêter là votre course pour prendre le temps, ce luxe incomparable d'aujourd'hui, de réfléchir, de méditer...

Et au minimum il y a l'intérieur de la chapelle à observer: la voute toute en bois tellement plus chaude au regard que celles en pierre des grandes cathédrales gothiques, la statuaire en bois polychromé dont les teintes ont passé avec le temps, le tout baigné par la lumière tamisée des vitraux.

Parmi les statues, outre celle consacrée la vierge Marie, normal puisqu'il s'agit de l'église de Ste Marie du Menez Hom, il y en avait une consacré à Ste Anne. Même si elle portait le livre avec lequel elle est habituellement représentée puisque c'est elle qui est censée avoir appris à la vierge Marie à lire, dans cette région-ci ce n'est pas cet aspect de sa personnalité qui est honoré mais le fait qu'elle serait la protectrice des marins.

Pourtant ce ne furent pas des marins qui s'y cachèrent durant la deuxième guerre mondiale, mais des aviateurs, ainsi que l'indique une plaque apposée sur l'un des murs du fond de la chapelle.

Etrange région dont les habitants ont réputation d'être fermés ou pour le moins peu ouverts aux étrangers mais qui sait s'engager pour certaines causes. Et j'ai alors repensé à l'un des héros de Marc Dugain: un nobliau breton très catholique qui n'hésite pas à cacher chez lui pendant plusieurs années la famille de l'un de ses anciens compagnons, juif à l'une de ces époques où il ne faisait pas bon de l'être, parce qu'il a partagé avec lui plusieurs années difficiles dans "la chambre des officiers"

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Beurre salé ,pierres gris-blanc,les noms qui chantent comme un parfums d'enfance , presque l'odeur de varech !.Aimerait refaire ce parcours tt ma famille maternelle est de Quimper et ne suis retournée que pendant les vacances ,enfant et encore une fois ou deux , Benodet etc.....
Vous racontez si bien je vais garder vos textes J'avais fait un reportage pour le Musée des Arts et Traditions Populaires sur les calvaires ! mais ne me reste rien !!! ds mes archives on me dit de ne pas tant garder!!
Trop bavarde ce matin
MERCI infiniment AA

@nn@ L. a dit…

Pour rafraîchir un peu vos souvenirs Arlette, allez faire un tour du côté de chez Marwan dont les parents vivent à Quimper ou dans ses environs.
http://www.pbase.com/mwhabib/quimper
Par contre je pense que vous n'y trouverez guère de calvaires bretons

Marwan a dit…

Merci beaucoup pour le renvoi à ma galerie quimpéroise, @nn@.
Elle esr cependant encore loin d'être exhaustive faute de disposer d'un véhicule pour aller faire de longues balades photos, n'importe quel jour ou à n'importe quelle heure.
J'ai repris la lecture de votre blog après quelques jours d'interruption et je découvre avec plaisir cette série de billets sur la Bretagne.
Une belle narration qui me donne l'impression de suivre vos pas tant je connais certains de ces endroits.

@nn@ L. a dit…

C'était la moindre de choses Marwan que de renvoyer vers votre galerie de photos... en attendant de visiter par moi même cette ville.
Ravie que la balade vous plaise parce que tel est l'objet de ces billets: donner envie à ceux qui ne connaissent pas ces lieux d'y aller un jour et permettent à ceux qui connaissent de m'y accompagner mentalement.