samedi 22 novembre 2008

histoires de familles de sang ou de coeur (3)

Dans "la petite chartreuse", Olivier Gourmet devenait un père de substitution. Dans "Congorama" de Philippe Falardeau il apprend à l'âge de 42 ans que ses parents belges l'ont adopté alors qu'il était un tout jeune bébé québecois.

"Congorama" ? Un film où deux histoires de frères se croisent avec en trame de fond une réflexion sur la famille, la paternité, la filiation, l'héritage ....

Côté acteurs, il y a Olivier Gourmet bien sûr mais aussi, dans le rôle de son épouse qui tient un restaurant, une actrice black dénommée Alice laquelle déborde de tendresse et de lucidité pour son mari. Et Jean-Pierre Cassel en écrivain mutique en fauteuil roulant et cependant tellement explicite dans ses regards. Et Paul Ahmarani qui est lui aussi à la recherche d'un père qui a un jour quitté son foyer sans explication. Il ne le trouvera pas mais se découvrira un frère.

Et puis derrière l'histoire principale il y a plein de petites histoires ou scènettes parfois hilarantes: Olivier Gourmet qui dans une commune québecoise part à la recherche de son père qui se serait appelé Legros sauf que tous les habitants ou presque de ladite commune s'appellent... Legros. Alors faute de mieux, il vole au hasard la plaque d'une boîte aux lettres comme souvenir. Une image sainte très kitsch de St Christophe censée protéger des accidents le conducteur de la voiture...mais apparemment pas des émeus qui errent sur les désertiques routes de campagne québécoises!

D'autres sont plus tristes: Olivier Gourmet qui constate qu'il n'arrive pas à relire l'écriture manuscrite de son père un écrivain devenu aphasique du fait de sa maladie. Toujours lui qui essaye de convaincre son fils, plus black que café au lait, qu'il est bien son père (même s'il ne lui ressemble pas) et prend exemple la ressemblance qui existerait entre son père et lui... alors qu'il sait désormais qu'il est un enfant adopté mais n'en a rien dit à sa famille. Encore et toujours lui qui essaie de convaincre son employeur, lequel se dit un grand ami de son père, et à qui il finit par lâcher d'un air désespéré « Depuis quand ne l'as tu plus vu? Tu sais qu'il porte des couches maintenant »

Pas forcément un grand film mais un film touchant au cours duquel la réflexion autour d'un thème grave comme la paternité, envisagée là autant comme être "l'enfant de" (d'un écrivain célèbre devenu muet ou d'un inventeur surdoué disparu sans laisser de traces) que "le père de" (ici d'un enfant Black quand on a déjà tant de mal à connaître ses racines blanches) et dans une moindre mesure de la notion de fratrie et au dela de fraternité, sont envisagées de manière souriante.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonsoir @nn@... peut-être suis-je hors sujet... mais je me dis "non, pas tant que cela"... j'ai lu chez Gene que tu ne connaissais pas Jaccottet ce poète lumineux... ce poète qui dit notre présence au monde en toute humilité... je dépose en tes pages un texte que j'aime particulièrement ... tiré d'un recueil qui ne me quitte presque pas ... oui vraiment après lecture et relecture je me dis "non, tu n'es pas vraiment hors sujet"... belle soirée à vous chère @nn@

"Les nouvelles du soir

A l'heure où la lumière enfouit son visage
dans notre cou, on crie les nouvelles du soir,
on nous écorche. L'air est doux. Gens de passage
dans cette ville, on pourra juste un peu s'asseoir
au bord du fleuve où bouge un arbre à peine vert,
après avoir mangé en hâte; aurais-je même
le temps de faire ce voyage avant l'hiver,
de t'embrasser avant de partir? Si tu m'aimes
retiens-moi, le temps de reprendre souffle, au moins
juste pour le printemps, qu'on nous laisse tranquilles
longer la tremblante paix du fleuve, très loin
jusqu'où s'allument les fabriques immobiles...
Mais pas moyen. Il ne faut pas que l'étranger
qui marche se retourne, ou il serait changé
en statue: on ne peut qu'avancer. Et les villes
qui sont encore debout brûleront. Une chance
que j'aie au moins visité Rome, l'an passé,
que nous nous soyons vite aimés, avant l'absence,
regardés encore une fois, vite embrassés,
avant que l'on crie"Le Monde" à notre dernier monde
ou "Ce soir" au dernier beau soir qui nous confonde...
Tu partiras. Déjà ton corps est moins réel
que le courant qui l'use, et ses fumées au ciel
ont plus de racines que nous. C'est inutile
de nous forcer. regarde l'eau, comme elle file
par la faille entre nos deux ombres. C'est la fin,
qui nous passe le goût de jouer au plus fin."

Ph. Jaccottet / Poésie 1946 - 1967 / Poésie Gallimard ... p.32

@nn@ L. a dit…

Bonsoir Maria,

Après avoir lu votre message, je suis allée faire une petit tour sur le net afin d'en savoir un peu plus sur Philippe Jaccottet qui par certains côtés me fait penser à Christian Bobin.
Avec eux j'ai parfois l'impression que les catégories où l'on veut classer les auteurs ne veulent parfois plus rien dire: prose/poésie/réflexions...

Quant à savoir si vous êtes hors-sujet... Nous le sommes tous plus ou moins, nous autres bloggeurs que les mots des uns et des autres entraînent parfois sur d'étranges chemins.

Si une autre fois vous avez un doute, vous trouverez une "porte" d'accès différente en allant consulter la partie gauche de mon profil. C'est parfois bien utile quand on veut déposer un "paquet" qui autrement ne passerait pas via blogger

Bonne soirée