"Sous une pluie froide de novembre, la camionnette du libraire Etienne Vollard heurte de plein fouet une petite fille en anorak rouge qui, affolée, courait droit devant elle après avoir vainement attendu sa mère, jeune femme fuyante et transparente. (...) Affublé d’une paternité d’emprunt, Vollard, jusque-là introverti et solitaire, commence à réciter à l’enfant plongée dans le coma des textes littéraires contenus dans sa mémoire fabuleuse. (...) Un gros homme, encombré de lui-même, une mère bien trop jeune, et une fillette précocement fracassée par la vie forment un étrange trio : le triangle des solitudes.(...)
ce roman-conte est aussi un hymne inoubliable à la littérature, une méditation sur le fragile pouvoir des livres."
Et il y a les souvenirs que l'on peut en garder autour de la figure centrale de Vollard, le libraire
Etienne Vollard est régulièrement martyrisé par ses camarades de classe et encaisse, jusqu'au jour où ce géant placide se révolte (l'un d'eux lui a pris le livre de poésies qu'il lisait) et inflige une mémorable correction à ses bourreaux. Il ne dira rien durant cette scène, ni après d'ailleurs, et retournera à ses livres, sa raison de vivre mais aussi sa douleur de vivre car en fait il souffre d'hypermnésie*
La scène du saut à l'élastique que l'on retrouve dans le film est, à plus d'un titre, fascinante. Etienne Vollard veut sauter pour pouvoir crier, comme les autres, mais pour lui il ne s'agit pas de crier de joie mais de douleur. Il finit par oser sauter mais ne crie pas. Non, il ne peut pas ! Il va "juste" se vomir dessus. Et les jeunes sportifs qui le remonteront à l’issue du saut seront effrayés face à cet homme dont ils ressentent l'immense détresse et leur incapacité totale à y remédier.
Ce saut initial n'est qu'une répétition de la scène finale. Etienne Vollard, après la mort de Eva (car dans le livre elle meurt, seule, dans une structure de soins spécialisée) se retrouve, par hasard, un soir près de ce pont. Et il se jette dans le vide pour tout oublier… à jamais...
En lisant ce passage, comment ne pas penser à cet autre suicide décrit par Jack London (dans « Martin Eden »?) où le héros quitte le bateau sur lequel il voyageait en se laissant glisser dans l'eau. Il laisse le bateau s'éloigner avant de plonger de plus en plus profondément dans la mer, en sachant consciemment qu'il n'aura pas assez d'air pour remonter à temps en surface.
* L'hypermnésie (du grec huper, avec excès, et mnasthai, se souvenir), appelée également exaltation de la mémoire, désigne une activité exceptionnellement intense du cerveau qui se traduit par une mémoire prodigieuse.(...)
Les symptômes sont d'ordre affectif et émotif, mais le malade garde ses fonctions mentales intactes. L'hypermnésie n'altère pas gravement la personnalité. Comme dans toute névrose, le malade est conscient de son hypermnésie et des troubles de comportement qu'elle implique. Il peut ainsi en dominer, au moins en partie, les effets.
Les troubles psychiatriques associés à l'hypermnésie sont plus ou moins graves suivant le degré de névrose. Ce sont entre autres : Angoisse , Agressivité, Manque d'assurance en société (qui induit souvent une agressivité comme compensation), interprétation passionnelle des événements, Frigidité, Impuissance
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