dimanche 23 novembre 2008

histoires de familles de sang et de coeur (4)

Deux films réalisés par des femmes durant les années 90 pour parler des fratries: "le fils préféré" de Nicole Garcia et "Outremer" de Brigitte Rouan.
Dans le premier, Gérard Lanvin, après la disparition de son père qui s'est enfui de la maison de retraite, prévient ses deux frères. Ensemble, en explorant Nice à la recherche de leur père, ils vont ressouder vaille que vaille les liens entre les hommes de cette étrange famille:
rapprocher le fils aîné (Bernard Giraudeau) de son père qui n'avait jamais accepté son homosexualité,
rapprocher le cadet (Jean-Marc Barr) de son père, simple maçon dont le fils devenu riche avocat d'affaires avait honte, mais aussi de son propre frère dont il n'a pas accepté qu'il ait été autrefois l'amant de sa femme.
Un "fils préféré" mais en réalité quatre histoires d'hommes, racontées via des bribes de souvenirs qui parfois les ont durement marqués: pour Giraudeau, la raclée infligée un soir par son père dans un jardin où il allait rencontrer d'autres homosexuels, pour Barr le mariage où son père est pris pour un serveur et pour Lanvin, la découverte d'un secret de famille.
Lui, le fils préféré, n'a jamais été l'enfant biologique de ses parents. Il est en réalité le fils d'un jeune boxeur mort dans l'un des combats de boxe clandestins organisés autrefois par leur "père".
Quatre histoires et quelques scènes qui restent en mémoire:
le regard échangé entre Lanvin et son père tombé à l'eau, après qu'il ait mis quelques secondes de trop avant d'aller à son secours,
l'incompréhension qui monte entre Lanvin et sa belle-soeur après qu'elle soit venue le rejoindre et qu'iles aient fait l'amour avant qu'elle lui ait remette sur ses fonds propres de l'argent pour rembourser un créancier qui le poursuit
le départ de Lanvin, le "fils" préféré qui laisse une place vide entre ses frères pour que le père puisse se retrouver en tête à tête ses deux fils biologiques perdus de vue depuis si longtemps.
Avec Brigitte Rouan c'est l'histoire de trois soeurs qui est racontée: trois femmes et la difficulté d'aimer via quelques pans de leur histoire commune dans une ferme algérienne d'avant l'indépendance.
L'aînée, Zon/Nicole Garcia aime follement son mari, un militaire qu'elle ne voit que rarement, lequel mari après une dispute liée à la jalousie disparaît mystérieusement lors d'une mission. Alors qu'elle se meurt d'un cancer, elle en arrive à crier en présence de son dernier enfant, une petite fille: "Mon Dieu prennez là elle et rendez le moi"
La cadette, Malène/Brigitte Rouan, fait tourner l'exploitation agricole comme si elle était l'homme de cette famille et a renoncé depuis longtemps à voir son mari qu'elle aimerait tant voir debout, autrement qu'assis, plongé dans la lecture d'un livre.
La benjamine, Gritte/Marianne Basler joue double jeu puisqu'elle est plus ou moins fiancée avec un jeune de son milieu mais a en réalité une liaison avec un chef des rebelles.
C'est sur elle que se clôt le film: elle qui au moment de se marier hésite. D'un côté elle imagine ses grandes soeurs essayer de la convaincre de dire "oui", mais de l'autre elle n'oublie pas ce que furent en réalité leurs vies: pour Zon, l'attente d'un homme tant aimé mais si souvent absent et pour Malène la cohabitation avec un mari qui, d'une certaine manière, n'était pas à la hauteur.
Car il y a ce que l'on rêve de l'autre et ce qu'il est en réalité, que ce soit dans un couple ou entre parents et enfants. Et parfois le décallage entre rêve et réalité est immense.
Tout comme l'amour qui peut unir.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Juste un bonsoir et un merci pour tout ce que je découvre ici.

@nn@ L. a dit…

Ce ne sont pas forcément de grands films, Michel, mais ils ont un immense mérite: celui de nous aider à nous interroger sur ces étranges liens qui nous (re)lient les uns aux autres, notament à l'occasion de certains événements de notre existence (naissance d'un enfant, mort d'un (plus ou moins) proche...

Il y avait aussi Hannah et ses soeurs de Woody Allen, mais c'est une ambiance très particulière que le milieu intellectuel new-yorkais alors je suis restée dans la vieille Europe (avec l'Afrique du Nord, je sais, mais alors elle était française -rires)