Ainsi parfois je vois mes enfants, dans des moments de grande fatigue ou d'abandon, je vois fugitivement - si fugitivement qu'il faut vivre l'appareil photo armé en main pour capter cela! - leur visage intemporel se superposer à leur figure d'enfant. Regard, expression rassemblent en une seconde ce qu'ils sont profondément et tous les âges de leur vie. Leur visage. Et puis cela fuit. L'abandon se casse, ils régressent, ils rient, ils trichent, ils réintègrent le moment.
Mon père m'a saisie dans une de ces secondes où l'être est rassemblé. Il a fait mon portrait intemporel. Or il date d'avant leur mort, et j'étais déjà cela..."
Anny Duperey
"le voile noir"
éd° du Seuil; avril 1992
"le voile noir"
éd° du Seuil; avril 1992
2 commentaires:
J'aime beaucoup Annie Duperey. C'est quelqu'un que je sens intègre, authentique. J'ai lu le voile noir il y a quelques années. C'est un livre très fort, qui m'a beaucoup touchée (il faudrait que je le relise avec quelques années de plus...)
Je l'ai relu à plusieurs reprises Verveinecitron.
J'y ai trouvé des choses auxquelles je ne pensais pas. Voir le billet du jour.
Mais je n'oublie pas ce que m'a encore dit récemment Michel Gonnet lorsque nous parlions photos, notamment celles de Lucien Legras, le père de Anny Duperey : "Même dans les images des autres, on projette beaucoup de nous même"
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