Pritchard, journaliste anglais, parce que son rédacteur en chef n'accordait que peu d'intérêt au massacre par "les phalanges de l'ordre noir" de la population d'un village espagnol où il avait avait combattu 40 ans plus tôt dans une unité des "brigades internationales" décidait de reconstituer celle-ci "...on va voir si des reliques de mon genre ont encore assez d'illusions pour une aventure..."
Au coeur de l'hiver 78 se retrouvaient alors l'Américain Donahue "toujours prêt pour la castagne... et sans doute un peu las de jouer les les patrons de son syndicat des coupeurs de viande", le français Barsac "ancien officier ... gaulliste passé à la non violence..., un homme de fidélité", le Danois Avidsen "ministre social-démocrate mondain dans l'âme... mais aussi un aventurier, un joueur sous son vernis raffiné", l'Italien Di Mano "comme juge il a raté sa carrière... trop indépendant... mais c'est un juste" l'Israëlien Katz des services secrets "un curieux de nature", l'ex Tchèque Stransky, "ex communiste, ex ingénieur, ... exilé en Suisse depuis le printemps de Prague", la polonaise Maria Wietniewska "devenue romancière pour enfants", l'Allemand Kessler "professeur emmerdant, même à Heidelberg ... sous le coup d'une menace d'interdiction professionnelle pour cause d'anarchisme verbal" et l'Espagnol Casteljon "un drôle de curé ... qui connaissait le pays basque comme sa poche" A la poursuite de leur anciens ennemis, comme eux de plusieurs nationalités, commençait alors une longue errance à travers l'Europe: Espagne, Italie, Suisse, R.F.A., Pays-Bas et France où ils se retrouvaient enfin l'automne venu, face à face.
Après il ne restait plus à Pritchard qu'à conclure l'histoire par "...je me demande si je ne suis pas mort aussi... ou alors c'est le monde qui est mort pour moi. Parce que je suis devenu trop vieux pour lui. Moi ... qui ai fait tuer tous mes amis pour une raison dont je n'arrive plus vraiment à me souvenir."
Entre-temps la mort s'était régulièrement invitée: la mort des corps, mais aussi d'une certaine manière la mort des idéaux pour lesquels ils avaient combattu: "Au fil des rencontres ... tout devenait trouble et les phalanges paraissaient soudain irréelles...Personne n'en avait entendu parler et de toute façon personne ne semblait s'y intéresser...Que représentaient les rescapés oubliés de brigades elles aussi oubliées pour tous ces jeunes gens au verbe vif et aux manières calmes? Pas grand chose sans doute... Que représentaient pour des vieux hommes aux chairs affaissées ces jeunes filles aux corps souples qui parlaient de techniques douces et de crèches non répressives? Pas davantage probablement. Deux lignes d'action, deux tranches d'espoir et plein de lambeaux d'histoire cruelle, se croisaient là sans se parler vraiment"
Et peut-être pire que tout: le doute qui au moment de l'assaut final lui fait penser "... étrange impression que de voir enfin si près ces hommes que nous poursuivions depuis si longtemps... vieillards infâmes observés par d'autres vieillards peut-être aussi infâmes...sans doute méritaient-ils l'enfer et sans doute le méritions-nous autant qu'eux... car ce fût l'enfer..."
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