En ce temps là, c'était l'homme qui se chargeait de réserver l'endroit où, l'été venu, nous essaierions d'oublier les contraintes de la vie professionnelle. Sur 25 années de vie commune, il a dans l'ensemble fort bien choisi nos lieux de villégiature. Mais tout principe souffre d'exceptions. L'année 1988 en fût une.
Il avait trouvé la maison via une annonce déposée par un office notarial au sein des pages d'un catalogue spécialisé. A priori rien à craindre donc. Sauf que une fois arrivés sur place...
Le chemin d'accès à la maison sur lequel donnaient la plupart des fenêtres de la maison était emprunté deux fois par jour par des vaches... qui y avaient laissé moult traces.
Pas mieux pour la fenêtre de la chambre qui ouvrait sur une placette où pourrissait un tas de vieilles salades ... sous la garde d'une nuée de moucherons avant d'être mangées par... les poules du propriétaire qui ne manquaient pas de "marquer" leur territoire...
Quant au "jardin", c'était une étroite bande de terrain recouverte de gros silex acérés particulièrement dangereux pour une petite fille qui commençait tout juste à marcher seule.
L'intérieur de la maison ne valait guère mieux:
- l'installation électrique n'avait pas été revue depuis la construction de la maison... avant la deuxième guerre mondiale.
- pas de tout-à-l'égout, juste un épandage dans le champ qui bordait le "jardin". A vue d'oeil, la capacité du réservoir d'eau chaude laissait à craindre que certains soirs il faudrait choisir entre la vaisselle OU la douche à l'eau chaude. Enfin ... pour qui n'avait pas la phobie des araignées car au fond de la "douche" flottait une grosse araignée, heureusement morte.
- l'équipement vaisselle et électro-ménager ne valait guère mieux car il était évident que les propriétaires avaient déposé là tout ce dont ils ne voulaient plus! Pour couronner le tout, un "faucheux" un peu frigorifié s'est échappé du réfrigérateur lorsque j'en avais ouvert la porte!
-les chambres étaient conformes au reste de la maison: papiers peints défraîchis, vieux meubles, couvertures pelées avec, cerise sur le gâteau, un plafond qui, une fois les volets ouverts, s'était révélé constellé de petites choses noires. Au début de la nuit, lorsqu'on a fermé la lumière, on a compris. Des "bzzz, bzzz... " bien sonores nous ont fait vite comprendre que si nous restions quelques heures de plus, nous serions constellés de taches rouges qui grattent
On a craqué: on est repartis en pleine nuit, sans payer le solde de la location. De toute manière une heure après être arrivés on avait prévenu les propriétaires, des fermiers tout étonnés qu'on ne soit pas satisfaits, qu'on repartait dès que possible sans payer le solde de la location.
Une fois de retour chez nous, moins de 24 heures après en être partis, l'homme a appelé l'office notarial. Et là il a compris: ça faisait plus de 15 ans que le bien était loué tous les étés à des "amis" des propriétaires, sans que jamais personne n'ait jugé bon de vérifier la qualité de l'hébergement.
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