Le film "Trois hommes à abattre" qui en a été tiré est sorti sur les écrans, quatre ans plus tard, en 1980. Appréciant peu le style d'Alain Delon, je n'ai pas cherché à le voir.
Tardi a attendu 2005, soit 10 ans après la mort de l'auteur, pour mettre en vignettes cette histoire. Bien qu'appréciant Tardi, la lecture de "Griffu" (avec déjà Manchette au scénario) m'avait trop marquée pour que j'ai envie de renouveler l'expérience.
Mais là il est ressorti cet automne via un coffret qui contient aussi deux autres opus du duo: "Ô dingos, ô châteaux" et "la position du tireur couché"... et j'ai franchi le pas. Et il est probable que je vais acheter les livres de Manchette
Pourquoi ce revirement?
Certes l'histoire est moins violente que les deux autres parues en BD, mais elle est tout aussi noire. Moins violente car il n'y a que trois morts en direct. Tout aussi noire, cependant.
Qu'y voit on?
Un récit encadré par deux fois les mêmes trois planches (mais avec des vignettes strictement inversées) pour introduire et conclure l'histoire de Georges Gerfaut. Il tourne la nuit à 140kms/heure sur le périphérique parisien alors qu'il bu plusieurs verres de bourbons et avalé deux cachets de somnifère. Mais il ne dort pas. Très vite on comprend que ce cadre amateur de jazz West Coast éprouve comme une sorte de nostalgie de la très bizarre parenthèse de sa vie qui s'est déroulée quelques temps auparavant. Une parenthèse commencée lorsqu'il a conduit à l'hôpital un homme qui, selon lui, venait d'avoir un accident de voiture en pleine nuit. Ce n'était pas le cas
Avec sa manière bien à lui de travailler le noir et le blanc, Tardi extrait l'essentiel du roman via ces petits détails qui en disent long sur une époque, un personnage: l'usure du cadre dans l'entreprise, du couple dans la vie quotidienne, englué dans moult rituels déprimants, cette envie de sauver sa peau tout en vivant autre chose avant de retourner vers l'ancien quotidien où sévi un autre type de violence.
On est loin, très loin de Simenon
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